"La CEDEAO avait envie de taper très fort sur la table pour rétablir son honneur et sa légitimité. Mais force est de constater que ces sanctions coordonnées avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) n’arrangent rien. Elles sont une forme de radicalité de la réponse politique administrée au Mali et pas à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Or, la situation était parfaitement négociable. Sans doute fallait-il avoir à l’esprit que les militaires avaient eux aussi besoin de montrer à la CEDEAO que le calendrier électoral malien n’était pas la priorité pour le Mali comme il ne l’est pas au Tchad ou en Guinée-Conakry", analyse Emmanuel Dupuy, président du think tank Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), dans un entretien avec Sputnik.
"À l’heure actuelle, la désescalade est d’autant plus compliquée à obtenir entre les deux parties que le Mali accuse ouvertement la CEDEAO d’avoir été instrumentalisée par des puissances extérieures. Le bras de fer pourrait fragiliser l’environnement local malien alors que les résultats et la situation sécuritaires semblent s’améliorer sur le terrain par rapport aux mois précédents, ce qui ne signifie point que le danger n’existe plus", souligne Emmanuel Dupuy.
Macky Sall pourrait-il rétablir le dialogue entre les parties?
"Il est urgent que la CEDEAO accepte le dialogue et lève immédiatement les sanctions qui frappent ce pays confronté aux pires défis sécuritaires et politiques et qui sont une grave menace pour sa sécurité et celle de la sous-région. Notre recommandation est de demander aux autorités maliennes d’y aller sans délai. Il faut désormais ranger aux vestiaires les logiques de la surenchère et de l’affrontement pour trouver un chronogramme réaliste et raisonnable vers un retour à l’ordre constitutionnel", souligne Alioune Tine, expert indépendant pour les Nations unies et président du think tank Afrikajom Center, interrogé par Sputnik.
"Avec la présidence en exercice de l’Union africaine qu’il va assurer à partir du 1er février 2022, le chef d’État sénégalais qui passe pour un médiateur-facilitateur devrait s’attacher à trouver les moyens de lever les difficultés entravant le dialogue entre la CEDEAO et le Mali. L’idée est de sortir de la lutte entre les principes de gouvernance de la Charte d’Abuja qui a créé la CEDEAO, d’une part, et d’autre part la réalité d’un pays désormais asphyxié par ses propres voisins avec la volonté manifestement instrumentalisée de porter un coup fatal à la fin de non-recevoir des autorités maliennes à l’encontre des exigences de la France", analyse Emmanuel Dupuy.