Garanties de sécurité Russie-Otan

Le Drian étrille un député qui estime que le sommet Russie-USA montre la perte d’influence de Paris

Charles de la Verpillière (LR) a dénoncé à l’Assemblée la "perte de l’influence internationale" de la France du fait qu’elle n’a pas participé au sommet Russie-USA. En réponse, Jean-Yves Le Drian a avancé une "confusion" et prétendu que les parties discutaient "la réactualisation du traité Start", celui-ci n’étant pourtant qu’un sujet secondaire.
Sputnik
Un député LR a accusé la France d’avoir perdu de son influence internationale en raison de son absence au sommet Russie-États-Unis à Genève, une déclaration qui a déclenché l’ire de Jean-Yves Le Drian. Mais celui-ci a semblé s’être embrouillé lui-même en tentant d’expliquer les objectifs du sommet russo-américain.
Lors d’une réunion à l’Assemblée nationale le 11 janvier, Charles de la Verpillière (LR), qui exerce les fonctions du vice-président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée, a qualifié d’"inacceptable" le fait que Paris n’ait pas participé à la rencontre entre Moscou et Washington, focalisée sur les garanties de sécurité. Elle est toutefois suivie par un deuxième round de négociations, le sommet Russie-Otan du 12 janvier à Bruxelles, auquel la France participe.
"Monsieur le Premier ministre, il est incroyable, il est inacceptable que ces discussions se déroulent en l’absence de l’Union européenne, dont la présidence est assurée en ce moment par la France, alors que l’Europe est concernée en premier chef par cette crise", a-t-il déclaré en citant les rumeurs sur la préparation d’une invasion de l’Ukraine par la Russie, maintes fois démenties par le Kremlin.

Une double confusion?

Répondant à ce discours, le chef de la diplomatie française a tranché: "Vous faites une confusion" avant d'indiquer que la discussion russo-américaine à Genève du 10 janvier portait sur "la réactualisation du traité Start".
Une affirmation qui n’est pas exhaustive en matière des sujets abordés sachant que les pourparlers sont initiés par la partie russe dont l’une des exigences principales est la limitation de l’élargissement de l’Otan à l’est.
Le prolongement du traité New Start sur la réduction des armes stratégiques nucléaires entre la Russie et les États-Unis, qui expire dans quatre ans, a figuré au menu des discussions sans toutefois en occuper la place centrale:
"Le sujet des garanties de sécurité ne concerne qu’en partie le travail que nous menons dans le cadre du dialogue de la stabilité stratégique avec les États-Unis", a expliqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, à l’issue des pourparlers en Suisse.
Par ailleurs, Jean-Yves Le Drian est revenu sur l’Ukraine, rappelant que les discussions au format Normandie impliquant la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne devaient se poursuivre. La veille, le Président ukrainien avait évoqué le fait que Kiev était prêt à prendre des décisions visant à régulariser la situation dans le Donbass, lors d'un nouveau sommet du format Normandie dont la date reste inconnue.

"Notre voix est inaudible"

En réponse à cette explication, Charles de la Verpillière a insisté sur la justesse de ses propos initiaux, bien que ceux-ci se trouvent basés sur des arguments discutables:
"Monsieur le ministre, vous m’avez parfaitement compris, et votre réponse est un aveu d’échec et un constat d’impuissance de la diplomatie française face à une crise grave".
Dénonçant "la perte d’influence de la France alors qu’elle exerce la présidence de l’Union européenne", il a invoqué la participation de Nicolas Sarkozy, qui l’assurait à l’époque, à la régulation du conflit osséto-géorgien. Pour lui, maintenant la voix de Paris "est inaudible".
La vidéo de la séance diffusée sur le site de l’Assemblée nationale montre que cette remarque n’a pas été commentée.

Sommet Russie-Otan

Deux jours après les négociations russo-américaines, une réunion du Conseil Otan-Russie, impliquant des diplomates de haut rang des membres de l'Alliance et des représentants de Moscou, a eu lieu ce 12 janvier à Bruxelles, une première depuis juillet 2019.
La Russie est représentée par le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, qui a qualifié la réunion de "moment de vérité". Wendy Sherman représente les États-Unis, et la France a dépêché à Bruxelles François Delattre, numéro 2 du ministère des Affaires étrangères.
L’initiative russe visant à se mettre d’accord sur les garanties de sécurité est arrivée sur fond de renforcement de la présence militaire de l’Otan à proximité de la Russie et particulièrement sur fond du retrait américain du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) en 2019 et du traité Ciel ouvert, ce qui a contraint Moscou à dénoncer celui-ci officiellement en décembre 2021.
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