"Je vous annonce qu’on travaille actuellement sur une contribution santé qui va être chargée [imposée] à tous les adultes au Québec qui refusent de se faire vacciner", a averti François Legault, le Premier ministre québécois.
Prise le 11 janvier, la décision de Québec survient à un moment où le variant Omicron atteint 30.000 cas par jour dans l’ensemble du Canada, y provoquant plus de 70 décès quotidiens. Les personnes non vaccinées imposent "un fardeau vraiment trop important", n’a pas craint d’affirmer François Legault.
Une mesure contraire à la loi fédérale?
Chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime fustige une "improvisation" de la part d’un homme "devenu indigne de la fonction de Premier ministre":
"C’est odieux et je ne suis pas certain que ce soit légal selon la loi canadienne de la santé. […] Dans l’histoire de l’humanité, chaque fois qu’un groupe a été discriminé et que des droits lui ont été retirés, ça ne s’est pas bien terminé… C’est une taxe imposée aux gens qui n’ont pas été assez dociles. C’est très inquiétant. Jusqu’où cette dérive va-t-elle aller"?" s’insurge-t-il à notre micro.
Le montant de la taxe spéciale annoncé par le gouvernement de centre droit n’a pas encore été dévoilé, car il reste à l’étude. Il sera toutefois "significatif", a averti le Premier ministre provincial en conférence de presse.
Universel, le système de santé québécois?
Selon Éric Duhaime, peu importe le montant réclamé aux non-vaccinés, la mesure est un "précédent grave" allant à l’encontre même du système de santé universel propre à l’État québécois.
"Maintenant, les Québécois sont tellement divisés qu’il sera extrêmement difficile de les réconcilier après la crise. Ce genre de mesure détruit le tissu social. C’est un monde de délation. […] Le gouvernement Legault enchaîne les boucs émissaires pour rejeter toute responsabilité dans l’effondrement du système de santé", souligne le chef du Parti conservateur du Québec.
Dans la Belle Province, le Parti conservateur est la seule formation opposée aux mesures sanitaires "abusives" de l’exécutif. Ayant récolté moins de 2% des suffrages en 2018, ce petit parti est toutefois passé de 600 à 42.000 membres depuis qu’Éric Duhaime en est devenu chef, en avril 2021. Deux mois plus tard, il pouvait se targuer de compter un tout premier député à l’Assemblée nationale, lorsque Claire Samson est passée de la Coalition Avenir Québec, mouvement au pouvoir, au Parti conservateur. Les Conservateurs provinciaux forment le parti comptant le plus grand nombre de membres au Québec.
Les Conservateurs québécois veulent chauffer le gouvernement Legault
Aux élections d’octobre 2022, Éric Duhaime entend miser sur l’insatisfaction d’une partie grandissante de la population face à la manière de gérer la pandémie.
"À la télévision, les Québécois peuvent regarder des matchs de football aux États-Unis où des milliers de personnes sont rassemblées dans les stades sans distanciation. Le Québec n’est pas une île déserte: de plus en plus de gens commencent à se poser des questions", poursuit le politicien.
Selon les dires du Premier ministre Legault, s’il était mis en place immédiatement, l’impôt spécial viserait 10% de la population québécoise. Un nombre corroboré par les dernières données de l’Institut national de santé publique du Québec, selon lequel plus de 89% des Québécois de 12 ans et plus sont vaccinés "adéquatement". Le 10 janvier dernier, le gouvernement Legault a ouvert la troisième dose aux plus de 40 ans. Pour Éric Duhaime, le taux très élevé de vaccination dans la province francophone ne justifie en rien la nouvelle mesure.
"Le gouvernement Legault nous a promis plusieurs fois la liberté et nous ne l’avons jamais recouvrée. C’est un gouvernement de menteurs multirécidivistes. On resserre toujours l’étau. […] Seuls les sondages pourraient ramener Legault à la raison", conclut notre interlocuteur.