La société Kärcher s’est élevée contre les récentes déclarations de la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, qui a estimé à maintes reprises nécessaire de "ressortir le Kärcher remisé à la cave" pour "nettoyer les quartiers". Des mots qui passent mal auprès du groupe allemand commercialisant le nettoyeur pression.
La filiale française s’est fendue d’un communiqué pour condamner l'utilisation de sa marque dans le débat politique français:
"L’entreprise Kärcher réagit aux propos déplacés et réitérés de Madame Valérie Pécresse, candidate à l’élection présidentielle, qui a utilisé à plusieurs reprises la marque Kärcher de manière inappropriée".
Elle précise que son appellation a été utilisée à trois reprises au cours des cinq derniers jours et exige que cette pratique cesse.
"Kärcher demande aux personnalités politiques et aux médias de cesser immédiatement tout usage de sa marque dans la sphère politique, qui porte atteinte à sa marque et aux valeurs de l’entreprise."
Le groupe rappelle par ailleurs qu’il est une marque déposée qui "n’a pas sa place" sur la scène politique française.
"La marque Kärcher n’est +l’étendard+ d’aucun parti politique […], ne peut et ne doit être utilisée que pour désigner les produits des sociétés Kärcher", insiste le communiqué.
"Nettoyer la cité au kärcher"
Il semble que "le signal de départ" à l’expression ait été donné par Nicolas Sarkozy en 2005. En déplacement à La Courneuve pour parler sécurité et prévention aux jeunes alors que l’un d'eux avait été victime de deux balles perdues au cours d’un règlement de comptes, l’ancien Président, qui était à cette époque ministre de l'Intérieur, avait dit souhaiter "nettoyer la cité au kärcher", rappelle l'Institut national de l'audiovisuel (INA).
En août 2020, l’entreprise a publié un communiqué dans plusieurs journaux français, notamment Le Figaro et La Voix du Nord.
"Kärcher ne souhaite pas que son nom et sa marque soient empruntés par le discours ou pour tout autre sujet qui désignerait autre chose que ses produits […] Kärcher souhaite balayer son nom du discours politique", a-t-elle indiqué.
En octobre 2016, le groupe avait envoyé un courrier à 20 candidats pour leur demander de ne pas détourner le nom de la marque et leur expliquer qu’elle s’était retrouvée "malgré elle au cœur des débats". La teneur du message avait été révélée sur Twitter par un conseiller politique d’Alain Juppé.
"Ces utilisations dénaturent notre marque et portent fortement atteinte à son image et à celle de notre entreprise."
Le porte-parole de Kärcher France, Patrice Anderouard, s’était élevé contre cette pratique dès mars 2007.
"L'usage de notre marque à des fins politiques et pour désigner une ligne politique en relation avec des sujets de société sensibles est en opposition avec les valeurs que souhaite véhiculer notre entreprise, façonnée par 70 ans d'Histoire."
L'entreprise rappelle qu'elle "se dédie au nettoyage" et qu'elle "défend aussi des valeurs citoyennes fortes, notamment en menant une politique active de mécénat culturel et intervient sur des chantiers de grande ampleur. Kärcher vient d’ailleurs d’entamer le nettoyage de l’obélisque de la Concorde, en partenariat avec le ministère de la Culture.
"Ressortir le kärcher"
L’expression revient, 16 ans plus tard, dans la bouche de Valérie Pécresse en déplacement à Salon-de-Provence.
"Il faut ressortir le kärcher, il a été remisé à la cave par François Hollande et Emmanuel Macron depuis 10 ans. Aujourd’hui il est temps de nettoyer les quartiers", a-t-elle assuré aux journalistes, répétant le 6 janvier des propos tenus dans les pages du quotidien La Provence.
"Il s’agit de remettre de l’ordre dans la rue", car "on ne donne plus de réponse face à la violence des nouveaux barbares", a-t-elle déclaré dans l’interview sortie la veille.