Lors d’une conférence de presse à l'issue des pourparlers russo-américains sur les garanties de sécurité, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a appelé le 10 janvier Washington à croire sur parole les promesses russes de non-agression contre l’Ukraine. Il a ajouté suivre l’exemple des Américains, qui ne fournissent aucune preuve d’une agression russe à venir et appellent simplement le monde à les croire sur parole.
Pour illustrer à quel point les demandes de preuve de non-agression future sont insensées, le ministre a choisi un pan de la culture américaine.
Dans une scène du film Double Détente, dans lequel Arnold Schwarzenegger interprète un capitaine de police moscovite, l'un des criminels lui demande de justifier son arrestation en s'exclamant "Quelles sont vos preuves?", la star d’Hollywood arrache alors sa jambe prothétique et verse son contenu sur le sol en répondant: "Cocainum!".
Le diplomate a ainsi rappelé que les nombreuses demandes de Moscou d’expliquer sur quelles bases les États-Unis estiment que la Russie compte envahir l’Ukraine sont restées sans réponse.
Il a également qualifié de "désinformation" les cartes censées montrer la planification d’une invasion russe publiées auparavant par des médias américains. "La Russie n'a pas de plans, d'intentions ou de raisons d'attaquer l'Ukraine", a conclu M.Riabkov.
Le sujet qui divise les États-Unis et la Russie
Cette déclaration intervient alors que les pays occidentaux et Kiev accusent la Russie de planifier une invasion sur le territoire ukrainien, faisant référence aux plus de 100.000 soldats massés à la frontière du pays voisin. Des soldats qui sont pourtant partis à la fin de leurs exercices, comme prévu, fin décembre.
Moscou a déjà démenti à plusieurs reprises toute velléité de conflit avec Kiev, expliquant ses agissements par son droit souverain de déplacer des troupes à l'intérieur de son pays à sa guise. Mais selon le Kremlin, la montée des tensions pourrait servir de prétexte à une implantation militaire de l’Otan en Ukraine.
La Russie avait tracé une ligne rouge mi-décembre, demandant aux États-Unis des "garanties de sécurité", via deux textes appelés "Traité entre les États-Unis et la Russie sur les garanties de sécurité" et "Accord sur les mesures pour assurer la sécurité de la Russie et des États membres de l'Otan".
Ces documents prévoient notamment l’exclusion d’un nouvel élargissement de l'Otan vers l’Est et l'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance, car cela pourrait placer Moscou à quelques minutes de vol des missiles américains.
La Maison-Blanche, quant à elle, a soutenu la tenue de négociations sur les garanties de sécurité en Europe. Ainsi, elle s’est dite prête à discuter avec la Russie des dispositifs de missiles et des exercices militaires des deux pays, mais a rejeté les propositions russes visant à empêcher l'adhésion de nouveaux pays à l'Otan.
À Bruxelles, Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, a qualifié fin décembre d’"inacceptable" la demande d’arrêter l’élargissement de l’Otan.
Un sujet qui était au cœur des pourparlers entre Washington et Moscou le 10 janvier. Ces discussions n’ont connu aucune percée notable, mais elles ont laissé la porte ouverte à de nouvelles discussions. Un conseil Russie-Otan et des négociations entre la Russie et l’Organisation de sécurité et de coopération en Europe (OSCE) sont programmés respectivement les 12 et 13 janvier.