C’est l’histoire d’un voyage hors du commun. Gwénaël Breton, aventurier et président de l’association Rien que du bonheur, est parti de France pour faire une traversée jusqu’au Pacifique du Nord. Le plus curieux dans ce périple est qu’il a décidé de réaliser ce parcours avec un vélo électrique solaire de 120 kg, baptisé "Tornado", improvisé par lui-même et ses amis.
Parti le 15 janvier 2021 de chez lui, à Bayonne (Pays basque), en passant par des pays comme l’Italie, la Croatie, la Serbie, la Roumanie, l’Ukraine, la Turquie et la Géorgie, il est arrivé en Extrême-Orient russe à vélo. Il est rentré chez lui fin décembre et a partagé avec Sputnik les détails de son voyage et ses projets.
Ancien militaire du 1er RPIMa, il a reçu une blessure en 2012 suite à un accident lors d’un saut d’hélicoptère de nuit. Il a ainsi commencé à préparer son tour du monde en vélo et à la rame, dont la première étape s’est achevée récemment.
"Avec quatre fractures à la colonne, quelques points sur le visage et la mâchoire un peu décalée, c’est avec une véritable prise de conscience du sens d’une vie et l’importance de la concrétisation de ses rêves que j’oriente mes efforts vers la construction de ce tour du monde", explique-t-il.
En 2017, il a traversé l’Atlantique à la rame du Sénégal, en Afrique, à la Guyane, en Amérique du Sud, pour apprendre à naviguer. En 2020, avec des amis, il a commencé à travailler sur la réalisation de "Tornado" dans l’objectif de relever son grand défi.
Déterminé à atteindre son but
Il est entré dans cette aventure avec un objectif clair: se surpasser pour soutenir les blessés de guerre, plus particulièrement pour l’association les Gueules cassées.
"Ambassadeur des Gueules cassées pour inspirer les blessés de guerre à réaliser leurs rêves, je suis soutenu par cette association pour véhiculer ces belles valeurs solidaires dans le cadre de notre centenaire en 2021", indique l’homme.
Pour ce faire, il a eu besoin d’un véhicule à la hauteur de ses ambitions: le "Tornado".
"Ce vélo électrique solaire permet de pédaler dans une position assise assez confortable", dit M.Breton.
L’engin possède notamment un système de transformation en lit permettant de dormir "absolument n’importe où sans avoir besoin de trouver un emplacement pour planter une tente".
-32° dans la région de Transbaïkalie
Malgré ces atouts significatifs, la route n’a pas été facile.
"J’ai rencontré énormément de problèmes principalement liés aux conditions climatiques", raconte l’aventurier.
"À partir de -20°, quelques défaillances électroniques se sont révélées. Mon écran de vitesse et mon téléphone ne s’allumaient plus, mes batteries avaient du mal à charger, mes freins ont gelé, ma chaîne s’est cassée dans les montagnes du lac Baïkal. Je devais les nettoyer et les faire sécher régulièrement à cause des projections de neige et de boues des camions qui me frôlaient", explique-t-il.
Pour résister aux conditions climatiques, il a eu besoin de changer et d’adapter "ses plastiques" qui lui servaient de toit "qui se sont cassés suite aux gelées sévères de -32° subies dans la région de Transbaïkalie".
"J’ai aussi opté pour des pneus neige cloutés afin d’éviter les écarts sur ces routes enneigées, voire verglacées. Mon vélo n’était pas initialement conçu pour supporter cette charge de 120 kg et adapté à cette situation extrême, mais avec beaucoup d’adaptation, cette valeur essentielle que je souhaite véhiculer aux blessés, et avec l’aide de cette chaîne solidaire humaniste, nous sommes arrivés à bon port, à Vladivostok", relate Gwénaël Breton.
Puisque son vélo se transforme en lit, il y dormait souvent, soit 75% du temps du voyage, selon lui.
"J’ai parfois été invité par la population et, plus rarement, après des nuits très humides, je me suis offert un hôtel pour faire sécher mes affaires, qui en Russie, auraient pu geler la nuit d’après", précise l’aventurier.
"Nous arrivions toujours à nous comprendre"
Bien qu’il ne parle pas très bien anglais, et pas du tout le russe, il précise que c’est "souvent [avec] une première approche en anglais" qu’il communiquait avec la population des pays traversés. Malgré cela, "nous arrivions toujours à nous comprendre pour des besoins sommaires".
Il souligne aussi la possibilité d’utiliser "au pire" un téléphone avec une application de traduction qui "fonctionne bien et une fiche exprimant les besoins récurrents préparée au préalable et très utile quand il n’y a pas de connexion Internet".
Et les ours… ?
Comme il est possible de rencontrer des animaux sauvages dans certaines régions de la Russie, il était équipé d’une bombe au poivre et de fusées éclairantes au cas où une telle rencontre se produirait.
"Hormis des chiens errants, j’ai eu la chance de ne jamais rencontrer d’animaux sauvages tels que les ours, loups ou tigres", partage-t-il.
Le Covid met des bâtons dans les roues
D’après M.Breton, la pandémie du Covid-19 n’a pas manqué d’affecter son voyage.
"Sur mon parcours de tour du monde, je n’ai pas eu le choix de rester quelques mois en stand-by dans des pays à cause de la situation sanitaire qui bloquait les frontières. Après l’obtention de mon visa touristique russe de trois mois, dès que j’ai pu entrer, c’est dans une course contre la montre que je me suis lancé en roulant entre 80 et 150 km par jour, sept jours sur sept non-stop pour parcourir les 10.000 km jusqu’à Vladivostok dans ce délai imposé", narre l’aventurier.
La "mission de ma vie"
Se lançant dans cette longue et difficile traversée en solitaire, il assure s’être senti moralement prêt à cela:
"Très souvent confronté aux difficultés, aux blessures physiques ou psychiques personnelles ou professionnelles après 22 années à l’armée, dont plus de la moitié dans les forces spéciales françaises, c’est déterminé, entre deux carrières professionnelles, que j’ose me lancer dans cette épreuve face à moi-même comme si c’était la ‘Mission de ma vie’".
Histoire à suivre
Cette aventure aura servi de première étape avant un long épisode à la rame:
"La Russie était pour moi une opportunité d’y arriver directement pour me préparer à la seconde étape qui est de traverser le Pacifique Nord à la rame jusqu’à San Francisco."
Il a avoué que ce pays slave, "avec pour réputation d’être ‘extrême’ de par son climat", l’aura d’autant plus attiré et renforcé dans sa détermination pour la cause qu’il prône: "inspirer les blessés à réaliser leurs rêves" pour démontrer que tout est possible, qu’il faut oser l’aventure et que la vie est belle".
"Il me reste donc le Pacifique Nord, les USA et l’Atlantique Nord à traverser. Je suis déjà très heureux d’avoir accompli cette première belle étape et je garde le cap avec cette même détermination pour accomplir ce rêve complètement fou", retrace-t-il.