Cours d'Anti-néolibéralisme
Avec l’aide de l’économiste Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC Québec, Sputnik entame une série d’émissions dans le but d’expliquer les fondements de ce néolibéralisme qui génèrent les crises répétitives.

"Cours d’Anti-néolibéralisme": en quoi la critique d’Omar Aktouf est-elle originale?

Dans un entretien à Sputnik, Bachir Amokrane, auteur de: "Omar Aktouf, un homme libre inquiet du monde", explique les fondements de la pensée économique de ce dernier et ses découvertes l’ayant conduit à fournir l’une des critiques les plus pointues du néolibéralisme américain. Il évoque également la naissance du "développement personnel".
Sputnik
Depuis juin 2021, Sputnik a enregistré pas moins de 29 émissions de "Cours d’Anti-néolibéralisme" avec l’économiste Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du comité scientifique d’ATAC du Québec.
En quoi la pensée économique du Pr Aktouf est-elle originale? Quelle est sa vision du monde actuel? Sur quoi base-t-il sa critique du néolibéralisme à l’américaine? Que propose-t-il pour sortir de ce système?

Dans un entretien à Sputnik, l’écrivain et auteur Bachir Amokrane, également responsable des programmes à l’école de formation en gestion Format Nova, à Alger, aborde les différents aspects de la pensée "aktoufienne" qu’il a analysé dans son livre "Omar Aktouf, un homme libre inquiet du monde" paru récemment. Loin de faire une biographie du Pr Aktouf, M.Amokrane retrace le cheminement du développement des idées de ce dernier en économie et en finance, mais aussi dans la critique du management néolibéral. Il explique par ailleurs comment le néolibéralisme a enfanté le courant dit du "développement personnel" pour l’utiliser comme une béquille de contrôle de masses et de pouvoir.

"Une rencontre par hasard avec ce pourfendeur du néolibéralisme"

Au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture de ce livre consacré à l’œuvre du Pr Aktouf apparaissent en filigrane les failles du néolibéralisme qui a érigé, selon M.Amokrane, "l’action concrète, validée par le marché et le terrain, comme l’arbitre en dernière instance du +vrai+ et de +l’uniquement possible+". C’est ainsi que, ajoute-t-il, "la recherche en sciences de gestion fait mine d’ignorer le caractère normatif et philosophique de son contenu.".
C’est à cette tâche ardue de déconstruction méthodique de l’idéologie néolibérale que va s’atteler Omar Aktouf durant toute sa vie intellectuelle, à la recherche de ses racines philosophiques, historiques, linguistiques, sociologiques et anthropologiques les plus lointaines. "Le but que s’est assigné M.Aktouf était de restituer la vérité sur le processus de développement de la pensée néolibérale complètement omis des programmes d’enseignement dans les écoles de gestion à l’américaine", affirme Bachir Amokrane, rappelant que son livre est le fruit d’"une rencontre par hasard avec la pensée de ce pourfendeur du néolibéralisme et de plus de dix ans de travail sur toute sa production scientifique et intellectuelle".

La parade du "développement personnel"

Dans sa logique implacable, le néolibéralisme, qui a fait de "la satisfaction maximale à court terme de l’actionnaire une sorte de dogme", a engendré "l’insatisfaction proportionnelle du client et de l’employé, mais aussi une surexploitation de la nature, d’où les conséquences désastreuses: la compression des employés engendrera une baisse de la demande dans le marché, ce qui donne à son tour des compressions, du stress et du chômage, ainsi qu'une recrudescence des coûts sociaux et environnementaux", ponctue M.Amokrane.
Ainsi, depuis les années 1980, notamment durant les années Reagan et Thatcher, "le discours managérial misait sur une réhabilitation en apparence humaniste de l’éthique du sujet et des processus de subjectivation dans l’entreprise. C’est dans ce contexte qu’est apparu le mouvement du +développement personnel+ avec l’idée que les entreprises doivent faire croître la connaissance de soi, les capacités relationnelles et l’autonomie des acteurs, en réhabilitant leur dimension humaine", expose-t-il.
Et de conclure: "Or, ce mouvement s’est avéré être une béquille du système économique et politique néolibéral".
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