Refoulé d’un Airbnb à Noël, il porte plainte pour discrimination raciale

Un Alsacien a été refoulé de l'appartement réservé sur Airbnb quand l’hôte a vu un membre de sa famille voilée. L’homme a porté plainte pour la discrimination. La plateforme, qui fait régulièrement face à des pratiques discriminatoires, enquête sur l’incident.
Sputnik
Un "Noël gâché". C’est ainsi qu’un entrepreneur de Rixheim (Haut-Rhin), 42 ans, a qualifié son séjour avorté à Annecy.
Le 25 décembre, Sebti Bouadjadja réserve un appartement à Annecy via la plateforme Airbnb, rapporte le Parisien. L’homme s’acquitte des 460 euros de frais de réservation et convient d’un rendez-vous avec la propriétaire du logement.

Accueil glacial

Mais arrivés sur place, l’entrepreneur et trois membres de sa famille se voient refuser l’accès au logement. La propriétaire aurait annoncé au groupe qu’elle annulait la réservation.

"Dès qu’elle a vu ma mère, cette femme est restée les yeux rivés sur son voile", avance Sebti Bouadjadja auprès du Parisien.

"L’accueil a été glacial et à un moment donné je l’ai entendue marmonner: "ll ne manquait plus que je loue à des talibans*"", ajoute-t-il.

Explications de la police

Le locataire décide alors d’appeler la police. Les agents procèdent à l’audition des deux parties sur place. Selon l’entrepreneur, les policiers lui ont expliqué que "cette femme est dans son droit et qu’Airbnb va procéder à l’annulation de la location".
Suite à un appel de la propriétaire, la plateforme avait annulé la réservation. Indigné par les faits, le soir même, Sebti Bouadjadja a posté la transcription de cet appel et le récit de sa mésaventure sur les réseaux sociaux.

Plainte déposée

La famille a porté plainte auprès du procureur de la République d’Annecy contre la propriétaire "pour des faits de discrimination raciale et d’injures non publiques, à raison de l’origine ou de la religion", relate le quotidien.
Par ailleurs, Rayan Zaien, l’avocat du plaignant, envisage également la possibilité d’attaquer Airbnb.
La plateforme enquête sur l’incident, indique le Parisien. Le locataire malchanceux a été remboursé. Le 26 décembre, le compte de la propriétaire a été suspendu, précise le service clientèle de la plateforme.

"Je me considère comme Français. La France m’a tellement apporté. J’ai eu une bonne éducation, un bon suivi médical. J’ai compris que pour réussir il fallait entreprendre. Je suis entrepreneur. J’ai deux sociétés et j’emploie 15 personnes. Je n’ai jamais été victime de racisme, je me suis senti humilié comme jamais. Une humiliation extrême", réagit Sebti Bouadjadja cité par France3.

Charte anti-discrimination

En principe, de tels agissements sont interdits sur Airbnb depuis plusieurs années. Depuis 2016, l’entreprise demande aux hôtes inscrits sur la plateforme de signer une charte anti-discrimination pour limiter les pratiques du genre au moment de l'acceptation des invités. Ainsi, les hôtes ne peuvent choisir ou refuser un invité en fonction de sa couleur de peau ou de sa religion.
Fin 2020, Airbnb a annoncé à Gizmodo avoir exclu 1,4 millions d’hôtes pour avoir refusé de signer cette charte.
De plus, depuis 2018, pour lutter contre les discriminations et empêcher les propriétaires de refuser une réservation sur la base de l’origine supposée d’un utilisateur, l’entreprise américaine a décidé de masquer les photos de profil des utilisateurs faisant une demande de réservation, le propriétaire ne découvrant la photo qu’après avoir validé la demande de séjour.
*Organisation sous sanctions de l'Onu pour activités terroristes.
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