À l’approche de la présidentielle, la ville de Lille a lancé une campagne, usant de mèmes et mobilisant un minibus pour inciter ses habitants à se rendre aux urnes, indique le site officiel de la municipalité.
"Quand tu réalises qu’ici tu peux t’inscrire sur les listes électorales", dit l’inscription, accompagnée d’un célèbre mème de l’acteur Jonah Hill, tiré du film American Trip, faite sur un véhicule multicolore qui sillonne depuis le 5 janvier l’ensemble des quartiers pour faciliter les inscriptions sur les listes électorales et permettre de récupérer les documents nécessaires.
Une pièce d’identité et un justificatif de domicile de moins de trois mois sont nécessaires pour réaliser ces démarches qui prennent "quelques minutes seulement". De nombreux créneaux de passages sont prévus.
En outre, de nombreuses affiches et prospectus illustrant de célèbres scènes de films ou de séries pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes avant le 4 mars ont été déployés dans la ville.
Ces illustrations représentent notamment Cole, le petit garçon du film Sixième Sens, et Pablo Escobar de la série Narcos.
"L’abstention est entrée dans notre démocratie"
Cette mesure vise à lutter contre l’abstention, phénomène bien présent dans le paysage politique français. Lille fait partie du département du Nord qui a affiché 67,16% de taux d’abstention lors du premier tour des dernières élections régionales; une tendance observée un peu partout en France.
"L’abstention est entrée dans notre démocratie. Elle fait désormais partie de notre vie politique", constate la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) dans une étude publiée le 16 novembre.
Selon le rapport, le taux d’abstention au second tour est passé de 16% en 2007 à 19,6% en 2012 puis 25,4% en 2017, année de l’élection d’Emmanuel Macron, alors que les régionales ont connu un taux d’abstention qui a quasiment doublé (16,4 millions en 2004, contre 30,65 millions en 2021).
Les jeunes ont plus tendance à s’abstenir. Selon une étude de Pascal Perrineau, 70% des 18-24 ans n’ont pas voté aux régionales de 2010, contre 28% des plus de 60 ans, et 65% des employés et ouvriers, contre 45% des cadres et professions intellectuelles supérieures. Lors des dernières régionales, ce chiffre a atteint 87%, montre une enquête Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions publiée le 20 juin.
En guise de causes, la Fondapol évoque notamment "la lassitude de l’électorat à l’encontre des alternances politiques et la diminution de la croyance dans la capacité du pouvoir à agir", et l’expression d’un choix protestataire, "ne pas se rendre aux urnes offrant la possibilité de manifester un refus de participer à un système dans lequel on ne croit plus".
Selon une enquête Fondapol sur "Le risque populiste en France", 30% des Français qui ne comptent pas voter à la prochaine présidentielle indiquent "avoir le sentiment que c’est la même politique qui est menée, quel que soit le parti au pouvoir".