Des villes sont-elles vidées de leur police pour sauver des migrants, faisant monter l’insécurité?

Le maire de Douai alerte Gérald Darmanin sur l’envoi d’effectifs locaux sur le littoral après le drame survenu au large de Calais. Une mesure qui nuit à la sécurité de sa commune.Auprès de BFM TV, l’élu a comparé le niveau de la délinquance actuel à celui de 2018 et 2019.
Sputnik
Le drame survenu dans la Manche ayant entraîné le 24 novembre la mort au large de Calais d’au moins 27 migrants dans le naufrage de leur embarcation qui tentaient de gagner les côtes anglaises avait mobilisé des renforts de police sur le littoral. Cet envoi d’effectifs venus notamment de Douai préoccupe le maire PS de la commune, Frédéric Chéreau. Dans une lettre rédigée le 21 décembre et consultée par La Voix du Nord, il craint que cela n’affecte la sécurité de ses habitants.

"Quand une BAC, quand une brigade canine est là-bas sur le littoral, ce sont des effectifs en moins ici dans le Douaisis. Quand on sait en plus que le Douaisis est un des arrondissements qui comptent une cour d'appel, donc une cour d'assises, ça fait une certaine tension sur les effectifs venus notamment du Douai capables d'être à un instant donné sur le terrain pour faire face aux situations de délinquance dans le Douaisis", déplore-t-il ce 10 janvier sur BFM TV.

Depuis, il note une restauration de la délinquance à son niveau habituel observé en 2018 et 2019. "Nous n'avons pas moins de faits qu'ailleurs et nous avons besoin de policiers ici sur le terrain", poursuit auprès de la chaîne Frédéric Chéreau.
Dans cette lettre adressée au ministre de l’Intérieur, l'élu s’interroge sur une éventuelle surreprésentation des fonctionnaires du Douaisis dans les équipes envoyées sur le littoral. "D'autres circonscriptions semblent apparemment épargnées par cet effort", avance-t-il.
Cependant, interrogé par la Voix du Nord, François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Douai, souligne que la commune participe à "un effort collectif".

"Le taux de sécurité est totalement assuré" à Douai, assure-t-il, ajoutant qu'"une équipe BAC, mais pas plus" est envoyée "ponctuellement" sur la côte.

Pour l’instant, Gérald Darmanin n’a pas répondu à la lettre de Frédéric Chéreau.

"Le sentiment d’insécurité de la population augmente"

En effet, le sentiment d’insécurité se fait ressentir à Douai. "Je pense que la question de la sécurité est centrale. Le sentiment d’insécurité de la population augmente et il faut comprendre pourquoi", indiquait le 5 novembre à L’Observateur la cheffe de file de l’opposition municipale (LREM), Coline Craeye.
Entre le 24 septembre et le 1er octobre, trois policiers municipaux ont intégré le service qui dénombre 23 fonctionnaires. Un chiffre encore trop faible pour l’élue LREM Coline Craeye, qui estime que "dans les faits, ces trois policiers vont compenser un manque", et opte pour un doublement des effectifs.
En outre, elle trouve les sept caméras de vidéoprotection insuffisantes pour la sécurité de la ville, préconisant donc la mise en place d’un centre de supervision urbain.

"Les caméras ne servent à rien si personne ne surveille derrière. Qui les regarde? Qui est là pour appréhender les auteurs?", lance-t-elle.

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