Garanties de sécurité Russie-Otan

Dans l’ombre de Washington, Bruxelles veut un "dialogue séparé direct" avec Moscou

Josep Borrell a écrit aux ministres des Affaires étrangères de l'UE pour leur demander de s’organiser en marge des négociations entre Washington et Moscou, selon le New York Times. Une initiative du chef de la diplomatie européenne plutôt mal accueillie.
Sputnik
Alors que des pourparlers entre la Russie et les États-Unis se sont déroulés ce 10 janvier à Genève, l’UE aimerait bien faire entendre sa voix. Selon le New York Times, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a même envoyé un courrier en ce sens aux ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept.
Dans cette lettre, le haut responsable plaiderait pour "engager un dialogue direct et discret" avec Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, notamment sur les garanties de sécurité demandées par Moscou. "Nous devons être à la table", souligne Josep Borrell dans sa missive, invitant Bruxelles à initier des propositions de sécurité européenne distinctes, affirme le New York Times.
Le diplomate promet néanmoins une "cohérence et une coordination totales avec l'Otan", dont l’élargissement vers l’Est et potentiellement vers l’Ukraine- inquiète Moscou. Josep Borrell glisse cependant que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui compte 57 membres, pourrait devenir le futur interlocuteur lors de pourparlers, à la place de l'Otan.
Garanties de sécurité Russie-Otan
Les pourparlers Russie-USA sur la sécurité à Genève
Ce courrier de Josep Borrell semble par contre avoir reçu un accueil assez froid dans les chancelleries des 27, note le New York Times. Bruxelles entend en effet prendre l’initiative à un moment où l’incertitude politique règne en Europe, à quatre mois de la présidentielle française et après l’élection d’un nouveau chancelier allemand dont la ligne diplomatique reste à cerner.

Des sanctions contre-productives?

Plusieurs États membres paraissent également inquiets de voir de nouvelles sanctions contre Moscou se retourner contre eux, rapportait récemment Bloomberg. La crainte d’une hausse du prix du gaz russe, après un début d’hiver compliqué en matière énergétique, semble en particulier refroidir certains pays.
En dépit de ces hésitations européennes, les pourparlers russo-américains ont bel et bien eu lieu à Genève, ces 9 et 10 janvier. Les négociations seraient a priori pour l’heure au point mort concernant un élargissement de l’Otan à l’Est, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, qui mène la délégation russe. Pire encore: l’Alliance atlantique a réaffirmé sa volonté de voir la Géorgie intégrer son organisation, en marge du sommet.
Moscou a cependant déclaré que les pourparlers n’étaient pas dans une impasse et que plusieurs problèmes avaient été mis pour la première fois sur la table. Une nouvelle rencontre Russie-USA sur les garanties de sécurité pourrait d’ailleurs avoir lieu.
Après les négociations entre Washington et Moscou, une réunion du Conseil Otan-Russie devrait également se tenir le 12 janvier.
Fin 2021, la Russie avait élaboré plusieurs traités en vue de demander des "garanties de sécurité" à Washington et à l’Otan. Moscou s’inquiétait surtout du basculement des ex-républiques soviétiques dans l’Alliance atlantique et de l’installation de missiles de moyenne et courte portées dans des zones sensibles.
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