Alors que dans quelques semaines le député Benoît Simian sera jugé pour harcèlement pour des faits remontant à 2020, l’Assemblée nationale reste muette face à l’affaire. La députée de La France insoumise (LFI) Clémentine Autain a épinglé le président de l’institution, Richard Ferrand.
Mme Autain a notamment déclaré le 8 janvier sur les ondes de Franceinfo qu’elle souhaitait que M.Ferrand "sorte de son silence et de sa complicité coupable".
"Les magistrats ont demandé à l’Assemblée nationale de statuer pour lever son immunité parlementaire. Je siégeais au bureau de l’Assemblée quand la décision a été prise, en catimini, avec un ordre du jour où ça n'était pas clair. J'ai vraiment eu l’impression de me faire avoir par le président de l’Assemblée nationale et l’ensemble du bureau", a déploré la députée.
Ayant rejeté, en décembre 2020, la demande de levée de l’immunité du parquet de Bordeaux, le bureau de l’Assemblée nationale a prétexté cette décision par le fait que Benoît Simian avait "toujours déféré" aux convocations. Le député est visé par des accusations de son ex-épouse, mais fait également l’objet de plusieurs autres alertes, selon les révélations de Mediapart.
"Il répond à ses convocations, mais il ne peut pas être mis en garde à vue. Or, on sait très bien qu'avec ces affaires-là, une garde à vue est un moment important pour intimider et faire en sorte que l'homme n'aille pas plus loin. […] L’immunité parlementaire n'est pas faite pour protéger des hommes qui violentent leur femme", a expliqué Clémentine Autain toujours auprès de Franceinfo.
"Un silence glaçant"
Avant de traiter de ce sujet dans le studio de Franceinfo, la députée avait plus tôt cette semaine évoqué son collègue accusé devant l’Assemblée nationale, sans pourtant le nommer.
"Notre hémicycle compte un député qui multiplie depuis plusieurs années harcèlement et menaces à l’encontre de son ex-femme. Elle est pourtant titulaire d’un téléphone grand-danger, bénéficie d’une ordonnance de protection, et je rappelle que le bureau de l’Assemblée a refusé de lever son immunité parlementaire", a indiqué Mme Autain le 4 janvier.
Bien que la séquence immortalisant ce discours ait largement été partagée sur les réseaux sociaux, la chambre basse y a réagi avec "un silence glaçant", a par ailleurs précisé la députée sur Franceinfo.
"Je n’ai vu personne prendre fait et cause pour dire que c’est inadmissible, au moment même où nous disions que ces violences sont insupportables", a-t-elle poursuivi en ajoutant qu’elle voulait que Richard Ferrand "tape du poing sur la table".