Omicron, la nouvelle souche du SARS-CoV-2, est devenue majoritaire à 63% en France au 27 décembre dernier, faisant éclater le taux de contaminations. Mais il en fallait plus pour dissuader les Européens de voyager pendant cette période de fêtes familiales. Ils sont partis en masse voir leurs proches dont ils étaient séparés, pour certains, depuis deux ans.
Un visa russe obtenu rapidement
Pour Alessio, un Italien qui travaille dans l’industrie cinématographique et partage sa vie entre Paris et Rome, les voyages font partie du quotidien. Mais depuis deux ans, il a dû s’adapter tant aux conditions sanitaires –jonglant entre les annulations de festivals et les restrictions aux frontières– qu’aux nouvelles problématiques du marché du film dont la diffusion a largement migré vers les plateformes numériques.
En décembre, il a décidé de se rendre à Moscou pour rencontrer pour la première fois sa belle-famille. L’aventure semblait abordable (Aeroflot propose des aller-retour Rome-Moscou à 350 euros) et un Italien peut se voir délivrer un visa touristique pour la Russie facilement. Toutefois, si la Russie ouvre le tourisme aux Italiens, pour les ressortissants russes, la situation est différente. L’entrée en Italie n’est en effet autorisée qu’à ceux qui ont la citoyenneté italienne (ou un permis de séjour en Italie) ainsi qu’à ceux qui doivent s’y rendre pour des raisons de travail, d’études ou pour un traitement médical.
Ainsi Alessio a-t-il obtenu son visa touristique en quatre jours ouvrés via une agence de voyages pour la somme de 140 euros. Ensuite, l’Italien s’est préparé à une dernière formalité: le test PCR exigé par les autorités russes pour entrer sur leur territoire.
"Un bazar à l’aéroport"
Les conditions d’arrivée sur le sol russe divergent pour les citoyens de la Russie et pour les étrangers. Si les premiers doivent passer un test PCR durant les trois jours suivant leur entrée sur le territoire (les vaccinés au Sputnik V sont exempts de cette mesure), les autres ressortissants ne peuvent pas embarquer sans présenter un PCR de moins de 48 heures. Et la compagnie Aeroflot y veille!
Même si la France et l’Italie restent les pays européens où le test PCR est le plus abordable puisqu’il peut être réalisé à partir de 50 euros –alors qu’au Royaume-Uni, son coût varie entre 77 et 236 euros, en Espagne entre 75 et 150 euros, et en Allemagne entre 50 et 120 euros–, encore faut-il trouver un laboratoire ouvert lors des fêtes de Noël.
La seule possibilité envisageable pour Alessio, qui partait le 26 décembre, était le spot de l’aéroport Rome-Fiumicino.
Et c’est alors qu’a commencé son calvaire…
Il suffit d’imaginer le tableau La Tour de Babel de Pieter Brueghel l’Ancien pour visualiser ce que le voyageur italien doit affronter lorsqu’il arrive au centre de test de l’aéroport. Deux guichets avec des techniciennes dépassées, plusieurs centaines de personnes dans la file, aucun renseignement. Tous les voyageurs suivent le même parcours, patientent dans la même file d’attente, certains, qui partent 24 heures plus tard, ne cèdent pas la place à ceux qui tentent d’attraper l’avion dont l’enregistrement est en cours…
Mais aucune importante pour Alessio qui, quatre heures plus tard, quitte la cohue avec la certitude d’avoir accompli toutes les formalités et l’espoir d’avoir le précieux sésame qui lui ouvrira les portes de la Russie.
Pas de test, pas de départ
Las… "l’homme suppose…" et les labos italiens disposent.
Le jour de son départ, ne voyant pas toujours arriver les résultats du test dans sa boîte mail, Alessio fait sa valise, se rend directement à l’aéroport quatre heures avant le décollage de l’avion et replonge dans la cohue. Pour découvrir que le test a tout été simplement égaré.
L’Italien s’est donc vu obligé de le repasser en urgence, pour recevoir le résultat… 10 minutes après la fermeture de l’enregistrement. Impuissant, il a assisté au départ des collaboratrices italiennes de la compagnie aérienne russe qui, imperturbables, se sont levées et ont disparu dans les couloirs. Une employée russe du bureau des ventes d’Aeroflot l’a pris sous son aile.
"On traite tous les jours des dizaines de cas comme le vôtre", lui a assuré la jeune femme avant de le transférer sur le vol du lendemain en quelques clics sur son clavier et sans demander de supplément.
"Elle m’a tout simplement sauvé la mise", se souvient Alessio.
"Tout est relatif"
La suite de l’histoire, russe, est restée positive. Moscou a réjoui le touriste italien par son accueil "officiel".
Le hareng fumé, met obligatoire sur la table festive russe
© Sputnik . Oxana Bobrovitch / Le hareng fumé
Le Kremlin, notamment, se visite avec une simple preuve de vaccination, peu importe son origine. Ici, un Pfizer a bien fait l’affaire.
Place Rouge
© AFP 2024 Dimitar Dilkoff
La veille du départ, l’appréhension de devoir refaire un test pour le retour a rapidement été dissipée par le dispositif sanitaire organisé en ville. C’était une période fériée en Russie mais de nombreux laboratoires étaient disponibles jusqu’à l’heure du déjeuner. Alessio a trouvé un point du réseau Gemotest ouvert jusqu’à 23h30 où l’on demandait 4.000 roubles (47 euros) pour obtenir le résultat en 12 heures. Vu l’expérience romaine, une heure et demie d’attente ont paru des délais plus que convenables à notre Italien, d’autant que l’accueil était, selon ses dires, bien organisé.
Tout est bien qui finit bien, même si dans le match du contrôle sanitaire, l’Italie perd contre la Russie.