Le "mépris décomplexé" de Macron sur les non-vaccinés "hystérise le débat", selon Arnaud Benedetti

Le gouvernement l’assume sans détour: désormais, les restrictions sanitaires viseront en priorité les non-vaccinés. Pour l’essayiste Arnaud Benedetti, cette stratégie du bouc émissaire est une faute morale et politique sans précédent.
Sputnik
«Il n’y a pas un chef d’État ou de gouvernement en Europe qui tient aujourd’hui le discours que tient le Président Macron vis-à-vis d’une partie de sa population», souligne Arnaud Benedetti devant les caméras de Sputnik.
Les récents propos tenus par Emmanuel Macron à l’encontre des non-vaccinés divisent. Et pour cause: selon un sondage CSA pour CNews paru ce jeudi 6 janvier, 53% des Français interrogés estiment que le Président de la République a eu tort de s’exprimer ainsi. Jean Castex a enfoncé le clou en affirmant que M. Macron disait «tout haut ce que beaucoup pensent tout bas». L’objectif du pass vaccinal est de «faire peser la contrainte sur les non-vaccinés plutôt que sur celles et ceux qui ont un comportement civique. Nous allons continuer et nous l’assumons», a-t-il insisté sur BFMTV ce 6 janvier.
Pour Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, les déclarations du chef de l’État ne doivent rien au hasard.
«Macron fait de cette catégorie de la population la responsable exclusive de la crise épidémique. Mais les non-vaccinés ne sont pas responsables de la crise sanitaire! Ça permet de laisser de côté des sujets bien plus gênants pour les pouvoirs publics, comme le désarmement de l’hôpital par exemple», accuse Benedetti.
Pis, pour l’auteur de Comment sont morts les politiques? (Éd. du Cerf), le calcul politique du locataire de l’Élysée relève «d’une forme de mépris décomplexé, lequel raconte assez bien la Macronie depuis cinq ans».
«Les propos d’Emmanuel Macron sont d’une extrême gravité dans une démocratie. Il y a là une dégradation du fonctionnement démocratique. Cela ne fait qu’hystériser le débat. Les réactions me paraissent aujourd’hui assez faibles de la part des intellectuels et des responsables politiques», s’inquiète l’essayiste.
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