"Immigration zéro": c’est l’"objectif clair" que s’est fixé Éric Zemmour lors de son premier rassemblement électoral à Villepinte, le 5 décembre dernier.
Le candidat à la présidence a également déclaré que, s’il était élu, il soumettrait directement la question aux électeurs par référendum. Il n’a jamais caché qu’il considérait que de tolérer en France des coutumes et lois étrangères au nom de la diversité déstabilisait la société.
"Il est normal qu’un candidat fasse un certain nombre de promesses, ne serait-ce que pour convaincre un électorat flottant sur lequel il est en concurrence avec d’autres candidats", estime Jean-Paul Gourevitch, expert de l’Afrique et des migrations, auteur du livre La tentation Zemmour et le grand remplacement (Éditions Ovadia). Pour lui, il faut resituer l’axe du programme d’Éric Zemmour et cet axe, c’est le grand remplacement de la population d’origine française par une population d’origine étrangère et majoritairement musulmane. Jean-Paul Gourevitch s’insurge d’ailleurs devant la réaction d’Emmanuel Macron qui qualifie ces propos "d’absurdités".
"C’est trop facile d’écarter ça d’un revers de main. Aujourd’hui en France, nous avons 11% d’immigrés en situation régulière et 14-15% d’enfants d’immigrés. C’est la réalité."
Mais zéro immigration? Vraiment? Zemmour n’envisage-t-il aucune marge de manœuvre dans sa politique migratoire? Dans une interview accordée à France Inter, le candidat a expliqué qu’il supprimerait carrément le regroupement familial. Sera-t-il en mesure d’interdire au conjoint étranger d’un ressortissant français de rejoindre le territoire national? Selon Jean-Paul Gourevitch, un retrait français de l’Union européenne serait nécessaire pour mettre en œuvre certains aspects du programme du candidat:
"Vous ne pouvez pas faire en sorte que quelqu’un ne fasse pas venir son épouse et ses enfants. Là vous êtes en contradiction complète avec la jurisprudence internationale donc ça suppose qu’on s’abstraie de la jurisprudence internationale et que la France se retire de l’Europe. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Et vous ne pouvez pas empêcher des migrants en situation irrégulière de venir et de s’installer, même si on réduit le droit d’asile."
Éric Zemmour a en effet déclaré qu’il exigerait que "les demandes de droit d’asile soient déposées aux consulats à l’étranger" et qu’il réduirait "le droit d’asile à quelques dizaines ou centaines de cas". Il diminuerait également le nombre d’étudiants étrangers autorisés en France et compliquerait la vie des étrangers, déboutés ou en situation régulière, en supprimant le droit du sol et certaines de leurs allocations sociales.
D’un point de vue pragmatique, le plan de Zemmour est-il réalisable ou s’agit-il simplement d’une rhétorique populiste creuse qui risque d’être prise pour argent comptant? Jean-Paul Gourevitch est clair:
"Cette notion d’immigration zéro est impossible. L’Europe n’est pas une forteresse imprenable. Il aurait dit ‘solde migratoire zéro’, c’est-à-dire qu’on n’accepterait pas plus de gens qui arrivent que de gens qui repartent, on aurait pu comprendre cette position. Là, je crois que c’est un très beau slogan mais il se heurtera à la réalité des faits tant sur le plan des législations européennes internationales que sur le plan de la reconduite effective des gens dans leur pays d’origine."