Malgré le fait que les autorités saoudiennes nient tout "soupçon d’ordre criminel" au sujet de l’explosion du véhicule du pilote du Dakar 2022 Philippe Boutron, plongé dans un coma artificiel depuis, son écurie défend la piste terroriste.
Les faits se sont déroulés dans la ville saoudienne de Djeddah, à deux jours du départ du Dakar 2022. Le pilote était à bord d’un 4X4 de Sodicars Racing, avec cinq membres de cette société qui propose des services d’assistance.
Après avoir parcouru 500 mètres depuis l’hôtel, le véhicule a explosé et a commencé à s’embraser, indique un communiqué de Sodicars publié sur son site.
Indemnes, les autres personnes ont été sous le choc. En attendant l’arrivée d’une ambulance, son co-pilote, Mayeul Barbet, lui a donné les premiers soins. M.Boutron, âgé de 61 ans, également président du club de football de l’US Orléans (National), a été pris en charge dans un hôpital militaire de Djeddah, précise un communiqué du club de foot.
Quelques jours tard, il a été rapatrié et hospitalisé à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine). Les médecins l’ont plongé dans un coma artificiel pour lui épargner les souffrances, précise Le Parisien.
"Il ne va pas bien du tout, expliquent ses proches auprès du quotidien. Il n’a pas été simplement blessé au mollet comme on l’a dit au début. Il a été gravement brûlé et déchiqueté au niveau des membres inférieurs. Nous avons très peur que les médecins soient obligés de l’amputer de ses deux jambes".
Demande de garder le silence
Selon les dires du co-pilote, relayés dans le communiqué susmentionné, une bombe est à l’origine de l’explosion. La même version est avancée par Marie-France Estenave, l’attachée de presse de Sodicars Racing, interrogée par France 3:
"C'est un attentat, c'est clair", affirme-t-elle, "ce n'est pas un accident. La bombe était placée sous le longeron du 4X4. C'était un gros 4X4, ça a un peu amorti l'explosion, le châssis était très épais, il a freiné l'élan de la bombe".
Malgré cette certitude, l’équipe a dû garder le silence jusqu’au début du rallye à la demande de l’organisateur, poursuit Mme Estenave:
"La direction de la course nous a demandé de nous taire car elle n'était pas du tout sûre qu'il s'agissait d'un attentat. Elle voulait temporiser avant le départ pour que tout se passe dans l'ordre et sans panique. Si les concurrents l'avaient appris certains auraient peut-être plié bagage. Nous avons aussi dû cacher la vérité à la famille pendant trois jours".
Qu’en disent les autorités?
Indiquant que les autorités saoudiennes sont en train de mener une enquête pour déterminer les causes de l’accident, le ministère français des Affaires étrangères souligne dans un communiqué publié le 1er janvier que "l’hypothèse d’un acte criminel n’est pas écartée".
Et d'ajouter que "la menace terroriste persiste en Arabie saoudite".
Cité par l’AFP, l'organisateur Amaury Sport Organisation (ASO) a également confirmé le 31 décembre que les investigations étaient toujours en cours, précisant qu'aucune piste n'était écartée, "y compris celle d'un acte malveillant".
Alors que le Quai d’Orsay évoque l’examen de la piste criminelle, le ministère saoudien de l’Intérieur l’a réfutée sur Twitter le 1er janvier en se référant à la police de La Mecque, à proximité de laquelle les faits ont eu lieu:
"Il n'y a pas de soupçons d’ordre criminel dans l'accident du véhicule de l'équipe de travail de soutien pour l'un des pilotes participant au Rallye Dakar 2022".
Philippe Boutron a déjà participé à plusieurs reprises au Rallye Dakar. À part quelques courses qu’il a dues abandonner, il est arrivé 33e en 2021. L’année précédente, il avait été 35e. Selon le site du rallye, son objectif pour cette nouvelle édition était de finir dans le top 30.