"On diabolise Poutine, on diabolise la Russie, alors que ce qui se passe est une expansion incroyable et dangereuse de l’Otan qui veut devenir le maître du monde."
Michel Collon s’emporte contre les "roulements de tambour, les menaces, les alertes constantes" qui présentent la Russie comme une menace en Occident. Selon le fondateur du site Investig’Action, les rumeurs d’invasion de l’Ukraine relèvent de la "pure propagande de guerre". Un mécanisme qui use et abuse de l’inversion entre l’agresseur et l’agressé.
À la chute de l’URSS, Gorbatchev avait reçu des Occidentaux l’engagement oral que l’Otan ne s’étendrait pas à l’Est. Trente ans plus tard, l’Alliance atlantique "a avancé de quasiment 1.000 km en direction des frontières" russes. Désormais, l’adhésion de Kiev à l’organisation constitue une ligne rouge pour Moscou.
"Que se passerait-il s’il y avait des troupes russes à la frontière du Canada et du Mexique?" interroge Michel Collon. C’est pourtant à un jeu périlleux comparable que s’adonnent les États-Unis en Ukraine, à quelques encablures des deux principales villes russes, Moscou et Saint-Pétersbourg.
La Maison-Blanche l’a réaffirmé le 2 janvier: en cas d’intervention russe, "les États-Unis et leurs alliés répondront énergiquement". Le ton martial laisse peu de place au doute. Washington enverra à Kiev des armes supplémentaires, équipera des milices locales et fournira du renseignement. Des renforts de troupes US seraient également déployés dans les pays de l'Otan frontaliers de la Russie (Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne).
Afin de préserver leur hégémonie sur les affaires du monde, les États-Unis appliqueraient à la lettre la "doctrine Brzezinski", du nom de l’ancien conseiller de Jimmy Carter, à l’origine d’un durcissement américain vis-à-vis de l’URSS après des années de détente. Michel Collon en est certain: Washington a tout intérêt à couper la Russie de l’Europe afin de "maintenir sa domination sur l’Europe" et empêcher la Russie de "redevenir une grande puissance".