Le projet de pass vaccinal, qui a créé des remous le 3 janvier à l’Assemblée, perturbe également le secteur de la grande distribution. Le texte prévoit en effet une possible application à l’entrée des grandes surfaces, sur décision des préfets. Une disposition qui ne semble pas émouvoir Michel-Édouard Leclerc, président des centres E.Leclerc.
Interrogé par CNews sur le sujet, l’homme d’affaires a déclaré que les magasins de l’enseigne "feraient avec". Quant aux clients non-vaccinés qui ne pourront pas y faire leurs courses, Michel-Édouard Leclerc a semblé s’en laver les mains. "Eh bien, ils ne viendront pas!", a sommairement déclaré le président du groupe à leur sujet, sur CNews.
Une séquence désastreuse en termes d’image, puisqu’elle a fini par provoquer un tollé sur les réseaux sociaux. Le hashtag #boycottLeclerc n’a pas tardé à voir le jour sur Twitter, repris par des milliers d’internautes.
Florian Philippot, très critique vis-à-vis du pass sanitaire et du pass vaccinal, l’a notamment relayé. Sur Twitter, le président des Patriotes a reproché à Michel-Édouard Leclerc de s’aligner sur les positions gouvernementales et a conseillé aux "anti-macronistes" d’aller faire leurs courses ailleurs.
Ironie de l’histoire: certains magasins E.Leclerc s’étaient déjà élevés contre le contrôle du pass sanitaire en août dernier, imposé à l’entrée de plusieurs grandes surfaces. À Perpignan, le centre Leclerc de l'Espace Polygone avait même déposé un recours devant le tribunal administratif pour faire suspendre la mesure. Sans succès.
La grande surface avait même fini par troller la mesure dans une campagne publicitaire.
D’autres magasins avaient communiqué en assurant que le pass sanitaire ne serait pas obligatoire à leur entrée.
Les grandes surfaces, sujet brûlant
Depuis le début de la pandémie, le sort réservé aux grandes surfaces a toujours été un sujet sensible. Certains supermarchés avaient d’ailleurs été le théâtre de scènes loufoques en mars 2021, avec la fermeture des rayons vendant des biens considérés comme "non-essentiels".
À l’époque, Michel-Édouard Leclerc était d’ailleurs lui-même monté au créneau pour dénoncer l’absurde de la situation. Sur Twitter, il avait notamment ironisé sur les pyjamas autorisés à la vente pour les enfants de deux ans et interdits pour ceux de trois ans.
Dans le détail, le projet de loi sur le pass vaccinal pourrait permettre aux préfets de conditionner l’accès aux grandes surfaces au pass vaccinal, si les "risques de contaminations le justifient", tout en veillant à garantir l’accès "aux biens et services de première nécessité".
Le gouvernement a néanmoins subi un camouflet sur son projet de loi dans la nuit du 3 au 4 janvier, l’Assemblée suspendant l’examen du texte dans une ambiance volcanique.