À partir de ce 3 janvier, les enfants de plus de six ans devront porter un masque non seulement à l’école mais aussi dans de nombreux lieux publics, dont les transports. Les professionnels de santé et les psychologues ne sont pas unanimes sur l’efficacité contre l’épidémie de cette mesure et évoquent diverses conséquences potentiellement néfastes.
Bienfaits sanitaires
Le gouvernement a à de nombreuses reprises pointé la participation des enfants dans la transmission du virus, bien qu’ils développent essentiellement des formes légères du Covid-19 ou soient porteurs asymptomatiques. Visant à freiner la propagation de la nouvelle souche Omicron, cette extension de l’obligation de porter le masque a été mise en place précisément face à la flambée inédite des nouvelles contaminations. Entre-temps, les écoles étaient fermées.
"Les enfants n’y ont joué aucun rôle", a lancé Robert Cohen, pédiatre et infectiologue à l’hôpital de Créteil, sur Europe 1, à propos de cette recrudescence drastique.
Jimmy Mohamed, médecin généraliste, est du même avis et confirme auprès de Franceinfo leur participation "au moteur de l’épidémie", mais nie leur responsabilité.
Il suggère toutefois que cette mesure est "plutôt en faveur de la science" et est censée non seulement réduire la transmission du Covid-19 mais aussi celle d’autres maladies comme la grippe. De son côté, Robert Cohen rappelle lui aussi que le port du masque pourrait contribuer à la diminution de la pression sur le secteur hospitalier, notamment par la protection contre la bronchiolite et la gastro-entérite, des "virus qui remplissent les hôpitaux".
Toutefois, Jimmy Mohamed constate que "le masque à l’école chez les enfants de moins de 12 ans non vaccinés n’a pas empêché une flambée de l’épidémie" lors de la précédente vague causée par le Delta.
Même si peu d’études ont été directement menées sur l’efficacité du port du masque par les enfants comme seule mesure de protection, plusieurs recherches avancent une réduction du taux d’infection, indique une synthèse élaborée par Public Health Ontario.
En effet, une étude comparative, mise en avant par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), conclut que le risque de vague épidémique parmi les élèves dans les écoles sans exigence du masque était 3,5 fois supérieur que dans les établissements scolaires où la mesure avait été mise en place à partir de la rentrée 2021.
Сonséquences psychologiques
En dépit de son utilité en termes sanitaires, cette mesure semble engendrer certains troubles. Le fait que les enfants doivent mettre le masque ailleurs qu’à l’école peut les gêner davantage, poursuit le pédiatre Robert Cohen: "Si un enfant a une otite séreuse ou des difficultés d’apprentissage, on accentue les difficultés par le masque".
En effet, plusieurs études menées sur le sujet attestent de divers malaises que les jeunes enfants subissent lorsqu’ils portent un masque. Parmi celles-ci figure une étude publiée en juin 2021. Réalisée par l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) sur près de 3.000 questionnaires remplis par les parents, cette étude a révélé qu’environ 80% des enfants entre six et 11 ans étaient généralement gênés par le masque.
Selon les parents, les principaux symptômes ou changements de comportement attribués au masque étaient les maux de tête (49%), les difficultés d’élocution (45%), les changements d’humeur (45,2%) et les gênes respiratoires (28,1%). Par ailleurs, parmi 663 pédiatres interrogés sur cette question, près de 68% ont approuvé le port obligatoire du masque dès six ans.
Dénonçant des effets néfastes à l’école primaire, plus au moins semblables à ceux-ci, une tribune a été publiée par un collectif de psychologues belges en décembre 2021 dans l’Écho.
Difficulté à respirer, maux de tête et de ventre, expression de ras-le-bol, d’irritabilité croissante et tristesse ont été observés. De plus, les spécialistes ont pointé une perte massive d’informations essentielles non verbales du fait que la moitié du visage est masqué, un mode de communication privilégié chez les jeunes enfants. Enfin, des enseignants attestent des troubles à "percevoir clairement les signes de décrochage, d’ennui, d’incompréhension, d’angoisse, de tristesse, de détresse".
Lieux concernés
L’obligation du port du masque dans certains lieux publics est en vigueur au moins jusqu’au 23 janvier. Il est requis dans les transports publics, les établissements recevant du public, les complexes sportifs - sauf lors de la pratique d'un sport -, les lieux de culte et à l'extérieur, dans les départements et les villes où les autorités locales ont rétabli le port du masque (par exemple, Paris, Lyon, Val-de-Marne).
Il s’agit également des salles d'auditions, de conférences, de réunions, de spectacles ou à usages multiples, des établissements sportifs couverts, des établissements de plein air, des chapiteaux, des musées, des bibliothèques et des centres de documentation, des magasins et des centres commerciaux, des marchés couverts, des salles d'exposition, des administrations, des banques ainsi que dans les espaces permettant des regroupements dans des hôtels et établissements d'hébergement. Les bateaux, avions, et véhicules, ainsi que les gares et stations de transports publics sont également concernés.