À quelques mois de l’élection présidentielle, le thème de l’identité s’invite dans les débats. Et pour cause, le candidat Éric Zemmour en a fait son cheval de bataille. Au nom de l’assimilation républicaine. Un modèle qui est l’objet aujourd’hui de nombreuses critiques. À l’exemple de celles qu’émet Jean-Luc Mélenchon qui milite de son côté pour une «créolisation» de la France.
Y a-t-il pourtant modèle plus universaliste que celui de l’assimilation? Invité de Sputnik donne la parole, Alain Policar, sociologue et chercheur associé au Cevipof, rejette ce postulat. L’assimilation reste selon lui, dans son fondement comme au regard de l’histoire, «une sorte de rouleau compresseur qui abrase les différences».
«Le modèle assimilationniste a mauvaise presse à mes yeux parce qu’il a servi à justifier ce qu’on appelait la mission civilisatrice de l’Occident, la colonisation, au nom d’une conception des valeurs universelles très eurocentrées», résume Alain Policar à notre micro.
Faut-il pour autant en finir avec l’universalisme, tentation d’une certaine gauche dite «woke», «décoloniale» ou «déconstructionniste»? Ce n’est pas le parti pris de notre invité, pour qui «l’uniforme et l’universel» ne doivent pas être confondus. Dans son dernier ouvrage, L’universalisme en procès (éd. Le Bord de l’eau), Alain Policar appelle à rompre avec un universalisme trop abstrait dans lequel se serait égarée la colonisation. Pour lui préférer un «universalisme latéral» ou «pluriel» par lequel «chaque peuple peut accéder à l’universel par ses propres moyens et selon sa propre histoire».
«L’universel ne suppose pas l’éradication des particularités. L’universel n’est pas un lieu vide sans qu’on tienne compte de nos appartenances», ajoute Alain Policar devant nos caméras.