Mise en examen pour sa gestion du Covid, Buzyn devient chevalier de la Légion d’honneur

La promotion au titre de chevalier de la Légion d’honneur de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, mise en examen par la Cour de justice de la République pour sa gestion de la crise du Covid, a provoqué une controverse.
Sputnik
Le Journal officiel a publié ce samedi 1er janvier la nouvelle promotion civile de la Légion d’honneur. Elle distingue en 2022 certaines personnalités impliquées dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 parmi lesquelles le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, ainsi que l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, démissionnée en février 2020, qui a été promue au rang de chevalier.
Un choix qui dérange car, en septembre 2020, l’actuelle directrice exécutive de l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé avait été mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui" à l’issue de son audition par des magistrats de la Cour de justice de la République.
Force est cependant de constater que Mme Buzyn avait affirmé ne pas avoir de regrets sur les décisions qu’elle avait prises au poste de ministre et que l’exécutif avait été "précoce" dans l’alerte et dans la réponse apportées.
La distinction reçue par l’ex-responsable de la gestion de la pandémie n’est pas passée inaperçue.
Le président des Patriotes Florian Philippot a jugé que la Légion d’honneur pour Agnès Buzyn était "du même niveau de provocation que Karine Lacombe l’an dernier".

Légion d’honneur pour une infectiologue accusée de conflit d’intérêts

Mme Lacombe, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, avait reçu la Légion d’honneur pour sa lutte contre le Covid-19.
Faisant partie des médecins devenus incontournables pendant l’épidémie, elle s’était attiré de lourdes accusations pour avoir critiqué l’usage de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus. Elle s’est vu reprocher ses liens avec des laboratoires fabriquant d’autres molécules testées contre la maladie, notamment Gilead et Abbvie.
Le député européen Thierry Mariani s’est attristé de l’utilisation de la Légion d’honneur pour remercier des "courtisans", jugeant que la "désinvolture" d’Agnès Buzyn dans la gestion de la première vague du Covid-19 relevait de la provocation.

Macron "épingle" les incapables

Thomas Portes, ancien porte-parole de Benoît Hamon et de Sandrine Rousseau, a qualifié de honteux le fait de récompenser une personne mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui".
"La République des copains", a-t-il réagi.
Pour l’avocat et homme politique Gilbert Collard, Emmanuel Macron épingle "les incapables" qui "nous piquent de force, en remerciement servile".
Outre sa mise en examen, Agnès Buzyn avait été placée sous le statut de témoin assisté pour un autre chef, celui "d’abstention volontaire de combattre un sinistre".

Éviter la paralysie des pouvoirs publics

Ce développement judiciaire avait été perçu d’un mauvais œil par la majorité qui y avait vu une menace à la liberté d’action des responsables politiques pour réagir à une situation de crise.
Jean Castex avait signalé qu’il fallait éviter "que la paralysie guette l’action des pouvoirs publics" au moment où il y avait besoin de décisions "pour faire face à des crises".
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