Cacophonie au gouvernement sur la gestion des cas contacts à l’école

Le gouvernement peine à accorder ses violons sur la refonte des protocoles sanitaires à l’école. Le retour des cas contacts en classe fait débat.
Sputnik
Alors que le Premier ministre vient d’annoncer un nouveau durcissement des restrictions sanitaires en France, sur le front de l’école les choses bougent aussi.
Ce 28 décembre, le ministre de l’Éducation nationale a notamment annoncé que le retour en classe des cas contacts ne pourrait se faire qu’en présentant plusieurs tests négatifs, contre un seul jusqu’à présent. "Deux ou trois tests" pourraient être requis à plusieurs jours d’intervalle, pour les élèves ayant été en contact avec un cas positif, a précisé Jean-Michel Blanquer sur France Inter.
Du côté du cabinet du ministre, le discours est pourtant loin d’être aussi clair. Aucun changement de protocole n’est prévu avant la rentrée du 3 janvier, confie l’entourage du ministre à BFM TV. La percée du variant Omicron, en passe de devenir majoritaire en France, pourrait faire évoluer les consignes.
"À ce stade, rien n'est arrêté. Le sujet sera sur la table d'un prochain Conseil de défense, le 5 janvier, ou plus tard", confie le ministère à la chaîne d’information.
Le retour en classe pourrait en réalité se faire après le premier test, en attendant les résultats d’un second, a-t-il été précisé rue de Grenelle.
Même flou artistique à Matignon, où les services du Premier ministre admettent que la question reste "non tranchée". Le délai entre les deux tests potentiels fait notamment débat.

"C'est extrêmement compliqué"

Cette décision de demander deux tests pour un retour en classe ne fait en tout cas pas l’unanimité chez les spécialistes. Certains professionnels de santé craignent que cette stratégie devienne vite intenable, surtout si les contaminations continuent d’exploser.
"C'est extrêmement compliqué. Même lorsqu’on est positif et que l'on demande un test négatif pour revenir, on a du mal à savoir combien de temps il faut […] On va se retrouver dans une politique de multiplication des tests, alors même qu’on risque d’atteindre 200.000 cas par jour", a ainsi expliqué sur RMC Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital de Garches.
En admettant qu’une personne puisse en contaminer 10 autres, il faudra donc tester deux millions de personnes par jour si cette barre des 200.00 cas quotidiens est franchie, a ajouté l’infectiologue. "On va se retrouver complètement dépassé", conclut-il.
Le 22 décembre, un raisonnement similaire avait d’ailleurs été tenu par Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève. Celui-ci avait expliqué que l’isolement des cas contacts était désormais mathématiquement irréaliste.
Face à cette flambée des cas, certains ont plutôt préconisé de reporter la rentrée scolaire. Une tribune en ce sens a récemment été signée par une cinquantaine de soignants. Ceux-ci craignent notamment que les cas de "Covid long pédiatrique" se multiplient et laissent des séquelles sur les plus jeunes.
L’option du report a cependant été écartée par l’exécutif, qui a confirmé que la rentrée aurait bien lieu le 3 janvier.
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