Commentant la plainte déposée par l'UE auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la politique russe de substitution des importations mise en place en 2014 sous forme de contre-sanctions, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a dénoncé "la stupidité et l’absence d’autonomie" des élites politiques européennes.
"Il s’agit de stupidité, car la substitution des importations résulte des sanctions européennes contre la Russie. Bruxelles disait pendant longtemps que notre pays avait été ‘durement puni’. Mais ce n’est même pas ‘durement’ mais plutôt de manière sadomasochiste", a écrit Maria Zakharova sur sa chaîne Telegram.
Expliquant "l’absence d’autonomie", la porte-parole est revenue sur les propos de Joe Biden, vice-Président à l’époque, tenus en 2014 à l’université Harvard:
"Joe Biden […] disait que les pays d’Europe n’étaient pas prêts à l’instauration de sanctions contre la Russie en lien avec des événements en Ukraine. Ils ne voulaient pas en introduire, mais M.Obama a été contraint de les mettre dans de beaux draps et de les obliger à agir contre la Russie en dépit du risque d’impact économique pour eux", expose Mme Zakharova.
L’UE a cédé sous la pression forte de Washington qui voulait nuire autant que possible à l’économie russe, poursuit-elle, toujours en se référant à Joe Biden.
"Ce sont justement les efforts de la Maison-Blanche qui ont permis aux États-Unis et à l’Union européenne de s’unir", estime Maria Zakharova, reprenant une citation du vice-Président à l’époque.
"Il n’a toutefois pas ajouté combien l’Occident devrait le payer", conclut-elle.
Discrimination des biens étrangers?
En juillet, l’UE a demandé l’ouverture de consultations avec la Russie sur la politique de "favorisation" des produits et services nationaux fournis par des entités nationales par rapport à ceux étrangers, note l'OMC. La valeur cumulée des appels d'offres publiés par les entreprises publiques russes a été estimée par l’institution à 290 milliards d'euros, "soit environ 20% du PIB de la Russie".
Le ministère russe du Développement économique a précisé que ce chiffre concernait en effet le marché des appels d’offres et non des dommages causés à l’Union européenne par les contre-sanctions russes.
Le 20 décembre, un représentant du commerce à Genève a déclaré auprès de l’AFP que l'OMC allait étudier certaines pratiques commerciales russes à la demande de l'Union européenne. Une décision prise lors d'une réunion de l'Organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC, toujours selon cette source.
Après l’UE, Washington a également accusé Moscou de désavantager les entreprises américaines au profit des siennes et de renforcer le contrôle de l’économie par l’État, ce qui contreviendrait aux règles de l’OMC. Ces accusations ont été exposées dans un rapport annuel sur l’application des engagements de la Russie dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), publié le 21 décembre par le bureau du représentant commercial des États-Unis (USTR).
Celles-ci ont été démenties par le Kremlin. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré le 22 décembre que la Russie n’enfreignait pas les normes de l’OMC.
Visée par de nombreuses sanctions américaines et européennes, en lien avec la situation en Ukraine et autour de la Crimée, la Russie s’est vue contrainte de produire elle-même de nombreux biens et services précédemment importés.
La Crimée, dont l’écrasante majorité de la population est d’origine russe, s’est rattachée à la Russie suite aux résultats du référendum organisé en mars 2014, en pleine crise politique en Ukraine.