La sortie de l’ère chrétienne signe-t-elle la chute de l’Occident? Entretien avec Chantal Delsol

Après seize siècles de règne sans partage, la civilisation chrétienne semble gravement décliner. C’est en tout cas le diagnostic posé par la philosophe Chantal Delsol dans son dernier essai. À quels bouleversements faut-il s’attendre? Entretien.
Sputnik
"Quand on ne croit pas en Dieu, on croit toujours en quelque chose. À partir du moment où nous sommes des êtres mortels, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander s’il n’y a pas des mystères derrière la porte", lance Chantal Delsol devant les caméras de Sputnik.
Dans son dernier livre, La Fin de la chrétienté (Éd. du Cerf), la philosophe entérine –comme d’autres avant elle– la sortie de l’ère chrétienne. Un déclin qui ne signifie pas pour autant, insiste-t-elle, la fin de la civilisation occidentale en tant que telle.
"Jamais une civilisation ne s’effondre totalement. Il en reste partout des lambeaux. On ne va pas recréer quelque chose à partir de rien! La “tabula rasa”, ce n’est pas possible, c’est une illusion de révolutionnaires. Tout ce que nous faisons aujourd’hui est imprégné d’évangélisme: c’est ce qu’on peut appeler l’“humanitarisme”, qui est une sorte d’humanisme dénaturé. L’humanitarisme, c’est exactement ce que Chesterton [écrivain catholique anglais du début du XXe siècle, ndlr] appelait les “vertus chrétiennes devenues folles”", assène Chantal Delsol devant les caméras de Sputnik.
La mode de "l’écologisme" constitue ainsi, selon la philosophe, un exemple concret de ce dévoiement des valeurs chrétiennes au filtre de la modernité. "Quand on n’est plus dans le monothéisme, on redevient “païens” au sens large: on récupère des croyances et des superstitions. Par exemple, nous avons tendance à faire de l’écologie une religion. L’écologie finit par avoir ses rites, ses prophètes et son catéchisme, enseigné dès l’école primaire aux enfants", illustre Delsol.
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