En sous-effectif, les urgences de l’hôpital de Laval baissent le rideau la nuit

Privé de médecins, l’hôpital de Laval va fermer ses urgences durant plusieurs nuits, en pleine période de fêtes. Les débats sur le manque de moyens sont plus que jamais d’actualité.
Sputnik
Alors que la question des moyens alloués à l’hôpital public semble vouloir s’inviter dans les débats présidentiels, sur le terrain les pénuries de personnels se multiplient. À Laval, la direction du centre hospitalier a ainsi décidé de fermer son service d’urgences de 18h30 à 8h30, pendant huit nuits, rapporte France Bleu.
La faute à un trop faible nombre de médecins urgentistes. Entre problème de recrutement et difficultés à trouver des remplaçants, 11 médecins manquent en effet à l’appel, en pleine période de festivités. Une situation similaire s’était déjà produite début novembre, mais l’Agence régionale de santé avait alors pu envoyer la réserve sanitaire. Cette fois-ci, les renforts n’arriveront pas.
"À part si on fabrique des médecins là, tout de suite, maintenant, on n'en a pas sous la main", résume Anthony Millet, responsable du département de médecine d'urgences à Laval auprès de France Bleu.
L’hôpital de Laval a donc dû se résoudre à n’accepter que les cas vitaux durant plusieurs nuits.
Des restrictions qui passent mal au sein des personnels de l’établissement. Caroline Brémaud, chef du service des urgences de Laval, a ainsi dénoncé une "mise en danger de la population", accusant l’État de ne plus "remplir ses obligations d’accès aux soins", dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
La situation est d’autant plus critique que les services d’urgences des hôpitaux voisins, à Château-Gontier et Mayenne, sont aussi sous pression.

L’hôpital en perdition?

Depuis les débuts de la crise sanitaire, de nombreuses voix se sont élevées contre cette mise sous tension de l’hôpital public. "La situation est catastrophique", avait notamment déclaré mi-novembre Rémi Salomon, président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Sur Franceinfo, le responsable avait fustigé des politiques budgétaires déconnectées des besoins réels.
Plus de 80 syndicats et collectifs de soignants avaient d’ailleurs appelé à manifester le 4 décembre à Paris, pour dénoncer cette dégradation de l’accès aux soins.
Au-delà des plaintes des soignants, l’hôpital alimente aussi les discours politiques, à l’approche de l'élection présidentielle. Éric Zemmour s’était notamment emparé du sujet début décembre sur BFM TV, affirmant que derrière la crise sanitaire, se cachait l’état déplorable d’un secteur "abandonné depuis vingt ans".
Même refrain pour le député LFI François Ruffin, qui avait créé la polémique le 10 décembre en accusant Emmanuel Macron d’avoir fermé près de 18.000 lits en quatre ans.
Face à ces critiques, le ministère de la Santé se veut rassurant. Fin octobre, Olivier Véran avait déjà déclaré ne pas vouloir sombrer dans le "fatalisme", ajoutant que des mesures avaient été prises pour revaloriser le travail des soignants. Le ministre avait précisé qu’il faudrait un certain temps avant que ces décisions ne portent leurs fruits.
Plus récemment, un rapport de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) avait affirmé que les pénuries de soignants ne constituaient pas une "hémorragie" pour le système hospitalier.
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