Les allégations sur le déploiement présumé de membres d’une société de sécurité privée au Mali, qui ont été formulées par 15 pays -dont la France- le 23 décembre sont infondées, a déclaré ce samedi 25 décembre le ministère malien de l’Administration territoriale et de la décentralisation.
"Le gouvernement de la République du Mali prend acte du Communiqué conjoint de certains partenaires publiés sur les réseaux sociaux en date du 23 décembre 2021 relatifs au prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée au Mali […]. Il apporte un démenti formel à ces allégations sans fondement et exige que les preuves lui soient apportées par des sources indépendantes", a indiqué le ministère dans un communiqué qu’il a notamment partagé sur Facebook.
La mission de formateurs russes au Mali expliquée
Le 23 décembre, la France, l'Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Estonie, l'Italie, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Suède ont adopté un communiqué appelant Moscou à se comporter de manière constructive dans la région.
Le ministère malien regrette que ce texte soit publié à un moment où Bamako cherche à "relever les défis multiformes auxquels le pays est confronté". En effet, les violences se poursuivent au Mali malgré la présence de la force française Barkhane.
Le ministère malien précise que les formateurs russes présents au Mali ont pour mission de renforcer "les capacités opérationnelles de forces de défense et de sécurité nationales":
"Le gouvernement demande à être jugé sur des actes plutôt que sur des rumeurs et tient à rappeler que l’État malien n’est engagé que dans un partenariat d’État à État avec la Fédération de Russie, son partenaire historique".
Soupçons sur la présence de sociétés militaires privées en Afrique
Les Européens, et notamment les Français, continuent de suspecter "une intention" des autorités maliennes de faire venir une société militaire privée russe, Wagner, assimilant ces opérateurs privés à l’État russe. En octobre, Jean-Yves Le Drian a même assuré que cette entreprise faisait "la guerre par procuration pour le compte de la Russie".
Vladimir Poutine n’a pas manqué de relever cette confusion, en insistant, lors du forum international de Valdaï, que si de telles sociétés se trouvaient quelque part, cela ne résultait pas d’une demande de l’État russe.
La France et d’autres pays européens comme l’Estonie ont menacé de retirer leurs troupes du Mali si un partenariat avec Wagner venait à voir le jour. Pourtant le ministre malien des Affaires étrangères a affirmé, en novembre, qu'"aucun contrat n'a été signé dans ce secteur".
Entreprises militaires privées, une pratique largement répandue
Il s’agit de rumeurs sans fondement, estime Alexandre Ivanov, président de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI), l’organisme sous l’égide duquel interviennent les instructeurs russes en RCA. Interrogé par Sputnik, M.Ivanov a noté que les bruits sur la présence de Wagner en Afrique circulaient "sans la moindre preuve matérielle" alors que cette société "demeure fantomatique".
Tout en précisant que la COSI "est exclusivement présente en RCA", M.Ivanov a ajouté qu’il avait entendu parler de supposés pourparlers entre le gouvernement malien et de prétendues sociétés privées russes via les médias, comme tout le monde. Dans le même temps, il a rappelé que le recours à ce genre de prestations privées était une pratique répandue dans le monde et qu’au Mali, en l’occurrence, même l'Onu recrutait auprès de semblables entreprises -comme la britannique G4S Global et l’américaine Relyant-, afin de faciliter le travail des Casques bleus.