La pression constante de l'Occident envers la Russie ne peut être expliquée que par le fait que les pays occidentaux jugent la Russie trop grande même après la désintégration de l'Union soviétique, a déclaré ce jeudi Vladimir Poutine lors de sa grande conférence de presse annuelle.
Au début des années 1990, la Russie a tout fait pour construire des relations normales avec l'Occident, a souligné le Président russe. De son avis, après la chute de l'URSS, il aurait fallu traiter la Russie comme un allié potentiel et contribuer à son renforcement au lieu de tenter de la démembrer encore davantage.
Un programme à long terme?
"Déjà en 1918, l'un des conseillers du Président des États-Unis, Woodrow Wilson [il s'agit d'Edward Mandell House, ndlr], lui a dit [ il l'a écrit dans son journal, ndlr]: 'Le reste du monde se sentira plus serein si, à la place de l'immense Russie, il y en avait quatre dans le monde. L'une est la Sibérie et les autres, la partie européenne du pays dépecée'", a rappelé M.Poutine.
Et d'ajouter qu'en 1991, lors du démembrement de l'URSS, le pays s'est désintégré. "Mais on a l'impression que cela ne suffit pas pour nos partenaires européens. Selon eux, la Russie est toujours trop grande. […] Même après l'effondrement de l'URSS, alors que nous [les Russes] étions seulement 146 millions, c'était aussi trop. Pour moi, c'est la seule chose qui puisse expliquer cette pression constante."
Pendant cette période, des spécialistes des services secrets américains étaient présents quotidiennement dans les installations militaires russes, et de nombreux conseillers et des cadres de la CIA ont travaillé au sein du gouvernement, a-t-il encore rappelé. "Que vouliez-vous de plus? Pourquoi soutenir les terroristes dans le Caucase et utiliser des organisations terroristes en vue de dépecer la Fédération de Russie?", s'est exclamé le Président.
Des missiles américains aux portes de la Russie
S'ensuivit l'élargissement de l'Otan à l'est, a-t-il poursuivi. "Nous vous avons dit de ne pas faire ça, vous nous l'avez promis. Mais on nous dit: 'où est-ce écrit sur papier? N’y a-t-il rien? Au diable vos préoccupations, nous ferons ce que nous jugeons nécessaire'."
À présent, "nous voulons juste assurer notre sécurité", a réitéré le chef de l'État. "Nous avons clairement indiqué que le mouvement de l'Otan vers l'est est inacceptable. Eh bien, qu'est-ce qui est incompréhensible ici? Plaçons-nous des missiles près des frontières américaines? Non. Les États-Unis sont venus chez nous avec leurs missiles. Ils sont déjà au seuil de notre maison." Vladimir Poutine a invité les Américains à réfléchir à ce qu'il adviendrait si la Russie plaçait ses missiles à la frontière des États-Unis avec le Canada ou le Mexique.