Depuis que le wokisme sature les médias, la question de sa filiation intellectuelle se pose. Les militants woke, «éveillés» aux injustices –en particulier raciales–, sont accusés de reprendre à leur compte l’héritage marxiste. Dans sa version woke, le concept marxiste de lutte des classes aurait muté en «lutte des races». Et les bourgeois exploiteurs d’hier ne seraient pas sans rappeler les «mâles blancs oppresseurs» d’aujourd’hui. Pour notre invité, auteur d’une Introduction à la pensée de Marx (Éd. du Seuil), l’idéologie woke irait plutôt à rebours de la pensée marxiste.
Le wokisme, insiste notre invité en guise de fin de non-recevoir, nie «le présupposé premier de la pensée de Marx», à savoir que «l’histoire jusqu’à nos jours est celle de la lutte des classes, quand précisément les wokes substituent toutes sortes d’autres luttes comme les oppositions entre les races».
«Le wokisme, en dressant les hommes contre les femmes, les ouvriers noirs contre les ouvriers blancs, permet de pulvériser toute contestation sociale un peu unifiée. C’est tout bon pour le capitalisme qui s’en accommode parfaitement!», ironise Denis Collin.