L’écriture inclusive, un "outil de déconstruction" de la langue française?

Bannie des documents officiels, l’écriture inclusive n’est pas morte et enterrée pour autant. Dans les médias ou les universités, cette graphie prolifère patiemment. Faut-il encourager son usage au nom de l’égalité?
Sputnik
«On parle d’écriture dite inclusive, ce qui sous-entendrait que le langage qu’on emploie serait excluant ou exclusif, ce qui est déjà un parti pris relativement fort», constate devant nos caméras Sami Biasoni, docteur en philosophie.
Circonscrite jusqu’ici aux seuls cercles féministes, l’écriture inclusive prend patiemment sa place dans la société. À l’exemple de la mairie de Paris qui s’est donné pour mission d’en banaliser l’usage, voire de la graver dans le marbre. Toujours au nom d’«une communication sans stéréotypes de sexe» et d’une meilleure représentation des femmes.
Pour notre invité, l’idée de rendre la société pleinement égalitaire à l’aide de la langue ne reste qu’«une hypothèse de travail»:
«Tout le temps qu’on perd à discuter des formes de la langue, c’est autant de temps qu’on ne passe pas à se battre pour les vrais idéaux d’égalité dans la société. Et il reste fort à faire!»
Coordinateur d’un ouvrage collectif sur l’écriture inclusive, Sami Biasoni rappelle qu’il existe des «langues dans le monde qui ont un genre neutre sans aucune corrélation avec la visibilité des femmes dans la société».
À l’heure actuelle, les institutions font bloc en France contre le langage inclusif –tout au moins en ce qui concerne le recours au point médian. En mai dernier, le ministre de l’Éducation nationale en interdisait l’utilisation à l’école. Déjà en 2017, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe intimait aux membres du gouvernement d’en bannir l’usage dans les textes officiels. La même année, l’Académie française qualifiait dans un communiqué cette pratique d’«aberration “inclusive”», considérant qu’elle constituait un «péril mortel» pour la langue française. Pour notre interlocuteur, l’expression utilisée par les Immortels n’a rien d’exagéré. À l’écouter, le projet de cet «inclusivisme linguistique» s’inscrit dans «une volonté plus globale de déconstruction des structures de la société».
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