Le zoo d’Abidjan a entièrement fait peau neuve ! Si déjà au portail d’entrée des détails sautent aux yeux comme sa façade sobre qui n’arbore plus d’images d’animaux, c’est au guichet que le visiteur constate un premier changement. Il lui faut se familiariser avec les nouveaux tarifs d'accès à l’établissement. Avant la rénovation, il existait un tarif unique de 300 francs CFA (46 centimes d’euro). Désormais, le ticket d’entrée est gratuit pour les enfants de moins de 3 ans, mais au-delà et selon sa tranche d’âge, il faut débourser entre 500 et 1.500 francs CFA (entre 76 centimes et 2 euros)
Mais c’est à peine passé le guichet que réside la première véritable surprise. En effet, aux enclos des reptiles, serpents et varans notamment, des baies vitrées ont remplacé les traditionnelles grilles. Une nouveauté appelée à être progressivement la norme dans ce parc animalier dont les enclos qui dataient pour la plupart des années 60-70 ont été soit renforcés, soit entièrement détruits puis rebâtis.
Les enclos des serpents et varans
© Sputnik . Roland Klohi
À partir de là, le visiteur découvre, émerveillé, un lieu dont la grande propreté et l’aspect des plus soignés contrastent avec les souvenirs d’antan. De nombreux bancs modernes et quelques balançoires sont installés à l’ombre des arbres, le long de la spacieuse allée principale de l’établissement qu’il est désormais possible d’arpenter presque entièrement à vélo.
L’allée principale en septembre 2020
© Sputnik . Roland Klohi
Des bancs en bois ont remplacé ceux de pierre
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Un parc à vélos, nouvelle attraction
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Mais juste avant de s’engager dans cette allée, sur la gauche, la nouvelle volière –à l’intérieur de laquelle les oiseaux peuvent enfin voler– s’offre majestueusement au regard.
Les oiseaux peuvent voler dans la volière, ce qui n’était pas le cas auparavant
© Sputnik . Roland Klohi
Des grues royales
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Plus loin dans l’allée, les lions –les grandes stars du parc après Can, l’unique éléphant– à l’allure fière dans leur enclos soigné, semblent impassibles devant l’attention marquée que l’on leur porte.
Trois mâles et trois femelles se partagent l’enclos
© Sputnik . Roland Klohi
Tout dans le zoo d’Abidjan, assure à Sputnik Karl Diakité, son gestionnaire depuis avril dernier, a été pensé pour le bien-être de ses pensionnaires, mais aussi des visiteurs pour qui un parc d’attractions avec des mini jeux a été aménagé, quelque peu à l’écart des animaux.
Des travaux de rénovation loin d’être achevés
La première tranche des travaux de réhabilitation et de rénovation du zoo national d’Abidjan a déjà coûté 530 millions de francs CFA (807.000 euros) à l’État ivoirien qui, pour la seconde tranche portant sur l’extension de l’établissement et également évaluée à 500 millions de francs CFA, a lancé un appel au secteur privé. Le Zoo, en effet, a une superficie de 19 hectares, mais à peine un quart est actuellement utilisé, une situation que les autorités ivoiriennes veulent corriger afin de pouvoir accueillir de nouveaux animaux. Selon les responsables du zoo, des partenariats sont cours avec des pays d’Afrique et d’Europe disposer à donner ou échanger des espèces que le public "aime voir".
Par ailleurs, si le zoo d’Abidjan qui compte actuellement 50 espèces et 300 individus est avant tout un lieu de conservation des animaux, d’éducation et de divertissement des populations, l’idée est aussi, à terme, de pouvoir repeupler les 16 parcs et réserves naturelles de Côte d’Ivoire (2.160.744 hectares en tout), via l’implémentation de projets de réintroduction dans leur milieu naturel de certaines espèces menacées. Des faux-gavials, dont le zoo possède une grande ferme, ont ainsi déjà été relâchés dans le parc d’Azagny (22.000 hectares) situé dans le sud-est du pays, à 130 kilomètres d’Abidjan.
Le ministre Alain-Richard Donwahi nourrissant avec une banane Can, prénom attribué à cet éléphant né en 1992, année du 1er sacre des footballeurs ivoiriens à la Coupe d’Afrique des nations (CAN)
© Sputnik . Roland Klohi
Le ministre Alain-Richard Donwahi nourrissant avec une banane Can, prénom attribué à cet éléphant né en 1992, année du 1er sacre des footballeurs ivoiriens à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) © Roland Klohi
La réhabilitation du zoo n’implique pas uniquement les infrastructures et le matériel, mais aussi le recrutement d’un personnel qualifié. "Nous avons fait appel à des ressources humaines venant de l’étranger qui vont nous permettre d’entretenir ce zoo et de le hisser au niveau international", a affirmé le ministre des Eaux et Forêts, Alain-Richard Donwahi, lors de la cérémonie de réouverture le 20 décembre.
Les animaux sont désormais suivis dans une clinique flambant neuve par une vétérinaire qui possède une solide expérience de plusieurs années tant avec les animaux sauvages que domestiques. Il faut noter que jusqu’ici, les vétérinaires qui ont eu à s’occuper d’eux n’avaient essentiellement qu’une expérience avec les animaux domestiques. "La clinique possède une salle de chirurgie, une salle d’autopsie, de quarantaine, ainsi qu’une salle de soin pour les consultations, examen et hospitalisation des petits animaux", confie à Sputnik la vétérinaire, Dr Anuarite Deki.
Et un protocole de sécurité "efficace" a été établi dans l'enceinte de l’établissement "En cas d’évasion, on est paré, on a l’équipement nécessaire pour pouvoir rattraper au plus vite tout animal", assure à Sputnik Karl Diakité.
De quoi rassurer les Abidjanais qui ont parfois eu la frayeur de voir déambuler dans les environs du parc des animaux sauvages qui avaient échappé à la vigilance de leurs soigneurs.
Éviter les désagréments du passé
En septembre 2020, une hyène s’était évadée de son enclos, semant la panique dans les rues d’Abidjan. Il y a eu finalement bien plus de peur que de mal, mais cet événement a été la goutte d’eau de trop qui avait poussé les autorités à procéder à la fermeture du zoo sur qui pesait de fortes accusations de maltraitance des animaux depuis le décès quelques mois auparavant de Sam le chimpanzé qui, officiellement, a succombé d’une gastro-entérite.
Le gouvernement ivoirien qui entend faire du zoo d’Abidjan un parc de stature internationale, veut éviter que de tels désagréments se reproduisent. L’établissement étant sous la tutelle du ministère des Eaux et Forêts, sa sécurité interne et externe est désormais assurée par des agents paramilitaires du corps des Eaux et forêts. De quoi dissuader les intrusions de riverains et autres, parfois constatées par le passé.
Toutefois, tout n’était pas tout noir avant la fermeture pour réhabilitation. En effet, en 2020, le zoo d’Abidjan a connu une baby-boom inédit avec une soixantaine de naissances de de janvier à juillet (trois lionceaux, deux léopards, 12 tortues carnivores, 33 canetons, trois céphalophes, un mangabey enfumé). Jamais ce parc animalier qui existe officiellement depuis 1972, n’avait connu une natalité aussi florissante que diversifiée en un laps de temps aussi court.
Et ce sont justement toutes ces espèces qui valent au zoo d’Abidjan d’accueillir en moyenne un millier de visiteurs par jour. Un chiffre qui monte jusqu’à 11.000 les jours de grande affluence, comme c’est souvent le cas pendant les fêtes de fin d’année.