De nombreuses personnes sont confrontées régulièrement à l’intimidation dans la rue: regards insistants, blagues à caractère sexuel, gestes inappropriés... Afin de prévenir le harcèlement, la Rouennaise Sarah a trouvé des techniques de dissuasion très originales, à savoir surprendre le gêneur avec une imitation d'animal.
Dans une vidéo prise et relayée par la jeune femme, on la voit suivie par un homme qui lui demande son "snap". Elles’arrête subitement et se met à imiter le dindon. La traitant de "malade", il s’éloigne.
Cette technique dite du "dindon" n'est pas la première testée par la jeune femme. Sur son profil Instagram on peut par exemple trouver toute une panoplie d’imitations: chat, otarie ou encore T-rex.
"J'ai connu pas mal d'agressions, d'hommes qui me suivent. Quand t'es méchante avec eux, les hommes sont violents, et quand t'es trop gentille, ils peuvent te suivre jusqu'en bas de chez toi et connaître ton adresse... Alors maintenant, je me dis qu'il vaut mieux faire un peu la folle!", explique-t-elle à Actu.
Toute en se rendant compte que sa méthode peut compliquer la situation, Sarah reste toutefois prudente.
"J’arrive quand même à identifier les mecs qui sont potentiellement dangereux… Et dans ces cas-là, je trace!", tempère-t-elle.
Avis de psychologues
Contacté par Sputnik, le psychologue-sociologue Alekseï Roshchine concède que la technique de Sarah peut servir à décourager les harceleurs:
"Du point de vue psychologique, la simulation de l’inadéquation, cela marche, cela aide à démoraliser leharceleur. Le plus important est de l’embrouiller, de changer ses idées et ainsi de s'en débarrasser".
La psychologue Marina Gladycheva a pour sa part conseillé à la personne harcelée de rester prudente, car, d’après elle, "un comportement provocateur peut attirer plus d'attention et provoquer des actions plus agressives".
Harcèlement dans l’espace public, ce fléau
Le harcèlement de rue sévit partout. Les femmes et les minorités de genre le subissent à toutes les étapes de leur vie. Selon une enquête Ipsos réalisée en 2020 en France, au Canada, en Inde, en Italie, au Mexique, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, 80% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics, 20% d’entre elles déclarent ne pas avoir été aidées par les personnes autour d’elles. Parmi ces dernières, 86% disent ne pas savoir comment réagir lorsqu’elles sont témoins de harcèlement de rue.
Depuis l'entrée en vigueur en France de la loi en 2018 pour lutter contre le harcèlement de rue, un peu "près de 8.000 verbalisations" ont été enregistrées, a annoncé en octobre sur RMC Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.
Elle a en effet annoncé en avril dernier le lancement d'un "baromètre" pour mesurer le harcèlement de rue et élaborer une cartographie des "zones rouges" du harcèlement pour mettre en place des outils voués à l’éradiquer.