Prenant la parole au troisième sommet du partenariat Turquie-Afrique à Istanbul ce samedi 18 décembre, Recep Tayyip Erdogan s'est de nouveau prononcé en faveur d'un élargissement du club des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, appelant à intégrer des pays africains.
"La lutte que nous menons sous le slogan +Le monde est plus grand que cinq+ est conforme non seulement aux intérêts de la Turquie, mais également à ceux des pays africains. Nous devons unir nos forces pour que l'Afrique soit représentée au Conseil de sécurité comme elle le mérite. Il est impossible de considérer comme juste le fait que le continent africain – qui compte 1,3 milliard d’habitants – ne puisse influencer les décisions du Conseil de sécurité de l'Onu", a-t-il déclaré.
Toujours selon le Président turc, son pays espère accroître prochainement ses échanges avec les pays africains pour les faire passer de 25,3 milliards de dollars en 2020 à 50 milliards (de 22,3 à plus de 44 milliards d’euros).
"Mais ce chiffre ne reflète pas non plus notre potentiel. Nous pouvons fixer un nouvel objectif à 75 milliards de dollars par an. Sur les 11 premiers mois de cette année, le volume des échanges a déjà dépassé 30 milliards de dollars", a poursuivi Recep Tayyip Erdogan.
"Grâce à nos efforts conjoints, nous avons porté les relations turco-africaines à des niveaux inimaginables il y a 16 ans", a-t-il ajouté.
L’initiative turque ne date pas d’hier
La devise du Président turc "Le monde est plus grand que cinq" se réfère aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Russie, Chine, France, Royaume-Uni et États-Unis). Recep Tayyip Erdogan a souvent critiqué le fait que ces pays puissent bloquer des décisions internationales cruciales au sujet de questions délicates et a appelé à une réforme de l’Onu. Il avait déclaré que le destin de l'humanité ne devrait pas dépendre d’une "poignée de pays" victorieux dans la Seconde Guerre mondiale.
Erdogan a notamment évoqué cette idée en 2017 lors de l'adoption de la résolution sur Jérusalem à l'Assemblée générale de l'Onu. Il avait alors fustigé l'attitude de la Maison-Blanche ayant menacé d’user de rétorsions financières contre les pays qui voteraient en faveur de la résolution, rejetant donc la décision américaine sur le statut de Jérusalem.
Le Président turc a réitéré la nécessité de réformer la structure et le fonctionnement du Conseil de sécurité dans son discours à l’Assemblée générale en septembre 2018 et lors d’une visite en Angola en octobre dernier.
Vladimir Poutine a déclaré lui aussi qu'il était nécessaire de réfléchir à la façon de rendre l'Onu plus équilibrée sans pour autant annuler le droit de veto, ce qui détruirait la base de l'organisation.
Sommet Turquie-Afrique
Le troisième sommet Turquie-Afrique consacré au partenariat renforcé pour le développement commun et la prospérité se tient à Istanbul en présence de 16 dirigeants de pays africains. Le forum doit approuver le plan d'action jusqu'en 2026, prévoyant la liste de projets qui seront mis en œuvre sur le continent africain avec le soutien de la Turquie.
La deuxième rencontre de la série s’est déroulée en 2014 à Malabo, en Guinée équatoriale, dans l’objectif de définir "un nouveau modèle de partenariat" capable "d’améliorer le développement durable et l’intégration de l’Afrique".
Le premier sommet du partenariat Turquie-Afrique s'était tenu en 2008 à Istanbul en présence d’une cinquantaine de pays africains.