Des scientifiques exhortent Biden à renoncer au droit d’employer en premier l’arme nucléaire

Plusieurs centaines de représentants du monde de la science, notamment des prix Nobel, ont adressé une lettre à Joe Biden l’appelant à déclarer que les États-Unis n’utiliseraient jamais l’arme nucléaire en premier dans un conflit et à modifier la pratique qui accorde au commandant en chef le pouvoir d'ordonner seul l'utilisation d'armes nucléaires.
Sputnik
Quelque 700 représentants du monde de la science, dont 21 prix Nobel, notamment en physique, chimie, physiologie et médecine, exhortent Joe Biden à déclarer officiellement que les États-Unis n'ont pas le projet d’être les premiers à employer l’arme nucléaire en cas de conflit armé.
"Cher Président Biden, nous écrivons en tant que scientifiques et ingénieurs gravement préoccupés par les risques posés par les armes nucléaires", indiquent-ils, estimant que le chef de l’État doit faire baisser "le risque de guerre nucléaire en réduisant l'arsenal nucléaire américain" dans la lettre envoyée par l’Union of Concerned Scientists (UCS, l’Union des scientifiques préoccupés" en anglais).
"Nous vous appelons à déclarer que les États-Unis n'utiliseront pas l'arme nucléaire en premier […]. En affirmant clairement que les États-Unis ne déclencheront jamais une guerre nucléaire, il serait possible de réduire la probabilité qu'un conflit ou une crise dégénère en guerre nucléaire."

Prise de décision sur l’arme nucléaire

Joe Biden doit, selon eux, renoncer au droit du commandant en chef à décider en solitaire de l'emploi des armes nucléaires afin de permettre notamment de réduire la probabilité de transformation d'un conflit avec utilisation d'armes conventionnelles en guerre nucléaire, notent-ils.
"En tant que Président et commandant en chef, vous avez le pouvoir exclusif d'ordonner l'utilisation de l’arme nucléaire", soulignent-ils, ajoutant qu’ils ont "confiance" en lui, mais qu’accorder une telle responsabilité à une seule personne est "imprudent". Ils exhortent Joe Biden à modifier le schéma de prise de décision dans ce domaine afin d’y faire participer d’autres responsables.

Réduire encore plus

En outre, les auteurs de la lettre demandent de "réduire à moins de 1.000" le nombre d'ogives déployées même si le traité russo-américain New START de 2010 autorise à déployer jusqu'à 1.550 ogives.
"En 2013, à la suite d'une évaluation par le Pentagone […], le Président Obama a annoncé que les États-Unis pourraient assurer leur sécurité en réduisant leur arsenal d'un tiers, à environ 1.000."
Ils rappellent également dans ce contexte que les missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III arriveront à la fin de leur durée de vie à partir de 2030, mais qu’il n’existe pas d'obstacles techniques à la prolongation de leur durée opérationnelle.
"Pourtant, à partir de 2029, les États-Unis ont l'intention de remplacer les missiles MMIII par les nouveaux Ground Based Strategic Deterrent (GBSD)", missiles balistiques nucléaires intercontinentaux lancés depuis le sol. L'armée de l'air prévoit d'en construire environ 650 et d’en garder 400 déployés, pour un coût de quelque 100 milliards de dollars, soit environ 85 milliards d’euros.
Le nouveau système d'armement devrait avoir une précision accrue, une portée plus étendue et une meilleure fiabilité comparé au Minuteman III. Selon le magazine National Defense, les estimations des coûts pour ce projet approchent les 100 milliards de dollars (85 milliards d’euros) pour son acquisition et quelque 264 milliards de dollars (225 milliards d’euros) pour sa durée opérationnelle, qui devrait aller jusqu'au milieu des années 2070.

Plus gros budget de défense

Entretemps, le Congrès américain a approuvé le plus important budget de défense de l’histoire du pays, à hauteur de 778 milliards de dollars (688 milliards d’euros), soit une augmentation de 5%, ou de 53 milliards de dollars (47 milliards d’euros), par rapport à l’année précédente.
Ainsi, Washington dépense pour la défense nationale plus que la Chine, l’Inde, la Russie, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite, l’Allemagne, la France, le Japon, la Corée du Sud, l’Italie et l’Australie réunis.
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