Alexandre Benalla et son épouse, placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur deux contrats passés avec deux oligarques russes, ont été libérés mercredi soir, sans poursuites à ce stade, a-t-on appris jeudi de sources proche du dossier et judiciaire.
"Les investigations se poursuivent", a précisé à l'AFP une source judiciaire.
L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron et sa compagne étaient entendus depuis mardi matin dans les locaux parisiens de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) pour des "suspicions de blanchiment de fraude fiscale aggravée, de faux et usage de faux, d'abus de biens sociaux, de trafic d'influence et de corruption", selon cette source.
Leur garde à vue avait été prolongée mercredi.
Contactée, l'avocate d'Alexandre Benalla n'avait pu être jointe jeudi matin.
Deux contrats en question
L'enquête, menée sous l'autorité du Parquet national financier (PNF), s'intéresse à au moins deux contrats signés avec deux oligarques russes.
Les magistrats financiers s'interrogent sur le rôle qu'aurait joué Alexandre Benalla dans la signature d'un premier contrat avec le sulfureux oligarque Iskander Makhmudov, alors qu'il était en poste à l'Elysée, comme adjoint au chef de cabinet du président Emmanuel Macron chargé des questions de sécurité.
Ce contrat a été signé en juin 2018 entre son ex-acolyte Vincent Crase, condamné avec lui en novembre dans le procès des violences commises lors des manifestations du 1er mai 2018, et M. Makhmudov, via la société Mars de l'ex-employé de LREM.
Devant la commission d'enquête sénatoriale sur ces violences, M. Benalla avait assuré n'avoir pas pris part à la négociation de ce contrat.
C'était "un contrat tout à fait clair, signé par avocats, et non un faux contrat comme j'ai pu le lire parfois", avait expliqué M. Crase en avril 2019, lors d'un entretien à Paris Normandie, assurant n'avoir "jamais rencontré" l'oligarque russe.
Le PNF et la BRDE s'intéressent également à un contrat signé avec un autre oligarque russe, Farkhad Akhmedov, homme d'affaires et ancien sénateur, qui a fait fortune notamment dans le secteur énergétique.
Lors de son procès en septembre pour les violences du 1er mai, M. Benalla avait déclaré s'être installé au Maroc après son limogeage de l'Elysée et avoir fondé une structure de conseil, parlant d'un contrat avec M. Akhmedov pour un montant de 353.000 euros, "déclarés au fisc", avait-il insisté.