Dans la soirée du 8 décembre, Marlène Schiappa a reçu à l’Élysée Magali Berdah, fondatrice de l’agence de communication et de marketing social Shauna Events, ainsi que cinq influenceuses et candidates de téléréalité. L’objectif de leur réunion était de discuter des violences faites aux femmes, pour ensuite diffuser des messages de sensibilisation à leurs millions d’abonnés. Si l’opération peut paraître louable, quelques extraits de la réunion ont fait polémique.
Un extrait particulièrement diffusé sur les réseaux sociaux montre en effet une ambiance plutôt festive entre les invitées, en décalage avec le sujet qu’elles sont censées aborder. "On va servir à quelque chose, pas juste à chanter", promet l’une d’elles dans le taxi avant leur arrivée. Plus tard, c’est en compagnie de la ministre déléguée à la Citoyenneté qu’elles pousseront la chansonnette: "Qu'est-ce qu'on rigole chez Marlène Schiappa! Tu veux des cocktails? Et bah il n'y en a pas".
Réactions
Après cette réunion, les jeunes femmes ont partagé des publications accompagnées du numéro 3919 et de liens vers le site dédié du gouvernement (arrêtonslesviolences.gouv). La polémique liée à cette soirée au palais présidentiel semble toutefois avoir fait plus de bruit que leur action sur les violences sexistes.
"Depuis quand on fait la fête autour du sujet des violences faites aux femmes?", s’est interrogé Andréa Kotarac, conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Le député du Rassemblement national Nicolas Meizonnet a quant à lui reproché l’absence de gestes barrières.
Réponse de Schiappa et des influenceuses
Le lendemain, Magali Berdah et Victoria Mehault (candidate de téléréalité) sont venues se défendre sur le plateau de Touche pas à mon poste. "On est allé là-bas, on a parlé de harcèlement, de prostitution, des violences faites aux hommes et aux femmes, du harcèlement sur les homosexuels, on a parlé de plein de choses", a affirmé la première. "On a posté des liens pour aider des gens".
Pendant l’émission, Mme Schiappa a envoyé un SMS au présentateur de l’émission, Cyril Hanouna, qui l’a lu en direct: "Je remercie ces influenceuses car, grâce à elles, beaucoup connaîtront les dispositifs d'aides face aux violences".
Mauvais choix?
La simple venue de Magali Berdah a été critiquée par la journaliste Constance Vilanova, laquelle explique dans Télérama que son entreprise Shauna Events représente le candidat de téléréalité Illan Castronovo, qui a déjà fait l’objet de plusieurs accusations d’agression sexuelle. Si celui-ci a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, le silence de Mme Berdah sur cette affaire est mis en cause.
"Comment briser la loi du silence si les mêmes personnes représentent à la fois victimes et potentiels agresseurs?", s’interroge la journaliste, pour qui "tout est fait pour que ce petit monde reste hermétique". Cette dernière rappelle alors le passage d’Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, dans Touche pas à mon poste face à la directrice de l’agence de marketing. Bien qu’annoncée dans les sujets, l’affaire n’avait au final jamais été abordée, au profit de l’omniprésence de la chirurgie esthétique dans le milieu.