"Voici le populiste français condamné à deux reprises pour incitation à la haine qui se présente à la présidentielle", annonçait CNN le 7 décembre. Le même jour, le Jacobin, un magazine ouvertement socialiste basé à New York, publiait "Le Français Éric Zemmour plonge ses fans dans une violente frénésie". Une référence au meeting de campagne du polémiste à Villepinte.
D’autres se sont demandé quel serait l’impact de l’irruption de Zemmour dans le champ politique sur les ambitions de Marine Le Pen. Quoi qu’il en soit, il est frappant de constater que la majorité des partisans du polémiste participant à la réunion de Villepinte étaient des jeunes. Le conservatisme serait donc bien devenu la contre-culture, tandis que les institutions occidentales penchent de plus en plus à gauche.
Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France et auteur du livre Les relations internationales en 80 fiches (Éditions Ellipses), considère que l’intérêt des jeunes Français pour la candidature de Zemmour relève "du rejet de la politique":
"Tous les partis politiques existants sont considérés comme des gestionnaires un peu inaptes, un peu menteurs, qui gouvernent en fonction de leurs intérêts et en ne laissant pas beaucoup de place aux jeunes. Les perspectives actuellement dans les pays occidentaux ne sont pas très favorables pour l’avenir de la jeunesse avec la ruine de l’enseignement, de l’école, des systèmes sociaux. Tous les repères de la société française ont été détruits."
Quant au paysage politique français, l’ancien ambassadeur remarque la quasi-disparition de la gauche, un phénomène "qui est le fait de ses leaders, de ses militants et syndicats":
"La vie politique française était très structurée depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale entre la droite et la gauche. Or, elle ne l’est plus parce qu’il y a un pôle qui a disparu. C’est comme si la France était devenue aujourd’hui une espèce de gigantesque droite."
Comment dès lors interpréter la candidature du polémiste? Michel Raimbaud estime que Zemmour s’est glissé dans un vide laissé en France par les élites. Pour lui, "il y a une unanimité politique qui ne correspond pas à celle de l’opinion et on constate un décrochage entre la masse de la population et les élites":
"Il y a une espèce de ruine des élites, c’est-à-dire que le paysage médiatique est devenu monolithique, la liberté de la presse globalement n’existe plus puisque tous les médias officiels chantent la même chanson et que les opposants sont exclus du paysage officiel des médias et doivent trouver d’autres moyens d’expression. Les intellectuels font chorus avec les médias et soutiennent tous la même thèse qui est celle du pouvoir. De fait, les candidats les plus exotiques comme Zemmour ont leurs chances."