Ravagée par un gigantesque incendie le 15 avril 2019, la cathédrale de Notre-Dame est toujours en voie de restauration. Une restauration qui ne fait pas l’unanimité. Ainsi, le réaménagement a suscité de virulentes critiques de quelque 100 personnalités, dont l'animateur Stéphane Bern et le philosophe Alain Finkielkraut.
"Le diocèse de Paris veut […] transformer l’intérieur de Notre-Dame en un projet qui en dénature entièrement le décor et l’espace liturgique", pestent-elles dans une tribune parue la veille dans Le Figaro et la Tribune de l'Art.
Ses auteurs rappellent dans ce contexte l’organisation conçue initialement par Viollet-le-Duc et exhortent à respecter ses principes ainsi que "le travail des artistes et des artisans qui ont œuvré pour nous offrir ce joyau".
"Le projet prévoit l’installation de bancs amovibles, d’un éclairage changeant en fonction des saisons, de projections vidéo sur les murs, etc. Autrement dit les +dispositifs de médiation+ à la mode (et donc déjà terriblement démodés) que l’on trouve dans tous les projets culturels +immersifs+ où bien souvent la niaiserie le dispute au kitsch", indiquent-ils.
Ils font remarquer dans ce contexte que l’incendie s’est limité à la toiture et à la flèche et n’a rien détruit de patrimonial à l’intérieur.
"La France fera l’admiration de tous pour avoir su mener une restauration qui restituera au monde un monument sublime", concluent-ils.
"Avis favorable"
Entretemps, les experts du patrimoine ont donné ce 9 décembre leur feu vert au futur réaménagement intérieur de Notre-Dame de Paris.
"Les experts ont rendu un avis favorable au programme de réaménagement intérieur, à deux réserves près: la place de statues qu'ils souhaitent conserver dans les chapelles et les bancs pour lesquels le clergé doit revoir sa copie", a précisé le ministère la Culture à l'AFP.
Ils se sont notamment mis d'accord sur l'axe liturgique central et le mobilier – baptistère, autel, tabernacle – qui devra être conçu par un même créateur, a expliqué à l'agence le sénateur Albéric de Montgolfier, président de la commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA).
Ils ont en revanche "émis des réserves concernant les bancs à roulettes, dotés de lumignons et veulent d'abord voir un prototype qui sera de nouveau soumis à la commission […]. Ils s'opposent également à la transformation du chœur en espace de prière, craignant que le sol, qui date du XVIIIe siècle, ne soit abîmé par le passage des fidèles et des touristes", a précisé le sénateur.
Concours annoncé, concours annulé
Au lendemain de l’incendie, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il voulait reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris d'ici cinq ans, "plus belle encore", notamment en lançant un concours d’architecture pour la reconstruction de la flèche. Or, la charte de Venise de 1964 qui définit les principes de la restauration des monuments et des sites indique clairement que "les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés".
Un an plus tard, le Président s’est rangé du côté des défenseurs du patrimoine et de l'opinion publique et a été décidé que la flèche de Notre-Dame serait reconstruite à l'identique. Pour cela, un millier de chênes ont été choisis au printemps dernier.