"Pronostic prudemment optimiste" sur les relations Berlin-Moscou après l’élection d’Olaf Scholz

Alors que le Kremlin compte sur des "relations constructives" avec Berlin suite à l’élection d’Olaf Scholz au poste de chancelier, le directeur du Centre russe de recherches germaniques propose un "pronostic prudemment optimiste" concernant le développement de la coopération russo-allemande.
Sputnik
Moscou espère établir des "relations constructives" avec Olaf Scholz, à qui Vladimir Poutine va envoyer une lettre de félicitations, a annoncé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ce mercredi 8 décembre peu après la prestation de serment du nouveau chancelier allemand.
Les autorités russes comptent sur la "continuité" de la politique allemande vis-à-vis de la Russie.
"Nous espérons également que la partie allemande considérera toujours qu'il n'y a pas d'alternative au dialogue pour résoudre les différends les plus graves", a ajouté M.Peskov.
Sollicité par Sputnik, le directeur du Centre russe de recherches germaniques et vice-directeur de l’Institut de l’Europe à l’Académie des sciences russe, Vladislav Belov, a partagé sa vision de l’évolution des liens entre Moscou et Berlin avec Olaf Scholz à la tête du gouvernement.

Développement progressif

Vladislav Belov met en avant que la coopération avec la Russie occupe une place majeure dans la partie de l’Accord de coalition allemande consacrée aux "relations bilatérales régionales" et qui a été rédigée par le Parti social-démocrate (SPD), c’est-à-dire le parti du nouveau chancelier.
Ce fait témoignerait de l’attention qu’Olaf Scholz accorde personnellement aux relations avec Moscou.
"C’est pourquoi, au cours de cette nouvelle période [dans les relations russo-allemandes, ndlr], j’attends, contrairement aux expectations de certains experts, plutôt un développement progressif [de la coopération entre Moscou et Berlin, ndlr] que l’aggravation de la crise [dans ces relations, ndlr]", présume M.Belov.
Selon le spécialiste du monde germanique, on peut attendre des progrès dans les domaines de la coopération bilatérale qui se trouvent déjà à un bon niveau.
Comme exemples, Vladislav Belov cite les deux congrès russo-allemands qui se tiennent ce 8 décembre.
D’une part, une rencontre qui dresse le premier bilan de l’Année croisée Russie-Allemagne consacrée à l’économie et au développement durable. D’autre part, une conférence sur l’hydrogène dans le cadre du Forum russo-allemand des matières premières.
D’après le directeur du Centre, les hommes d’affaires allemands voient toujours de bonnes perspectives sur le marché russe et, si besoin, seraient capables d’exercer une influence sur le vice-chancelier et ministre de l’Économie et l’Énergie, Robert Habeck, appartenant aux écologistes.
Les liens entre Moscou et Berlin traditionnellement forts dans les sphères de la science, de l’éducation et de la coopération décentralisée et culturelle ne devraient également que progresser, avance M.Belov.

Dialogue politique au plus bas

L’expert avoue cependant que le niveau des échanges politiques entre la Russie et l’Allemagne se trouve au plus bas.
Selon Vladislav Belov, le nouveau chancelier allemand s’est montré prudent dans ses commentaires sur les problèmes internationaux qui concernent la Russie et sa sphère d’intérêts. Une approche prudente dans les contacts politiques avec Moscou qui pourrait dominer à l’avenir.
On peut s’attendre à certaines avancées, mais compte tenu de ses dernières déclarations, M.Scholz va essayer au moins de maintenir le statu quo de l’époque Merkel pour ne pas permettre une dégradation encore plus importante des relations avec Moscou.
Quant au règlement du conflit en Ukraine et au travail commun au format Normandie, M.Belov croit que Berlin (tout comme Paris) ne dispose pas des instruments nécessaires pour influencer le sabotage par Kiev des Accords de Minsk, l’Ukraine étant beaucoup plus soumise à l’influence outre-Atlantique.

Facteur Schröder

Pour le directeur du Centre russe de recherches germaniques, Olaf Scholz n’a pas eu de contacts réguliers avec les autorités russes.
Dans le même temps, au cours de sa carrière politique au sein du SPD, le nouveau chancelier a été très proche de Gerhard Schröder, avec qui il communique.
Un projet allemand prévoit l’élaboration d’une "nouvelle politique européenne et allemande" vis-à-vis des partenaires de l’Est et auquel pourrait participer M.Schröder avec ses bons contacts en Russie, estime Vladislav Belov.
Dans le cadre d’une telle initiative, et en cas de son succès, des compromis capables de relancer le dialogue politique entre Berlin et Moscou pourraient être trouvés, suppose l’expert.

Nord Stream 2 et sanctions

Enfin, avec l’élection d’Olaf Scholz au poste de chancelier fédéral allemand, M.Belov ne voit pas de nouveaux obstacles empêcher la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, à moins que de nouveaux événements géopolitiques vraiment critiques ne surviennent, qui mèneraient à une escalade des tensions entre l’Occident et la Russie, entraînant des sanctions supplémentaires contre Moscou, ce qui est prévu dans les accords de Merkel-Biden relatifs au Nord Stream 2.
Quant aux sanctions antirusses en général, le germaniste suppose que sans raison réellement valable, M.Scholz va plutôt s’opposer à l’imposition de nouvelles mesures restrictives contre Moscou, tant au sein de son gouvernement, politiquement hétérogène, qu’à l’échelle européenne et mondiale.
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