"La France est une petite nation" dont "l’existence est en question", déplore Alain Finkielkraut

Alors qu’il affirme avoir "été Français sans y penser" pendant longtemps, le philosophe et écrivain Alain Finkielkraut regrette que, pour lui, la France soit finalement devenue une "petite nation", sa langue ou encore ses mœurs ont "cessé d’aller de soi" et d’être "évidentes".
Sputnik
Interrogé dans l’émission Sans Interdit sur i24NEWS sur l’idée d’un déclin de la France, défendue notamment par Éric Zemmour, le philosophe Alain Finkielkraut l’a liée à la décadence de certaines notions intrinsèques au pays.
"Pendant très longtemps, j’ai été Français sans y penser. J’étais à la recherche un peu fébrile de mon identité juive", confie l’académicien. Puis il a commencé à se questionner sur les choses "évidentes" qui ont "cessé d’aller de soi": "la langue, les mœurs, une certaine harmonie, une certaine cohésion sociale, la continuité historique".
La France est ainsi "devenue chère" à ce philosophe français issu d’une famille de juifs polonais par le biais d’"un patriotisme de compassion" évoqué par Simone Weil, "c’est-à-dire une tendresse pour une chose fragile, précieuse et vulnérable".
"La France, toujours hantée par la grandeur, jusqu’à de Gaulle inclus, est soudain devenue pour moi une petite nation [au sens existentiel] dont l’existence elle-même est en question, ce qui m’a conduit presque malgré moi à chérir la France", a souligné l’écrivain qui vient de sortir un nouveau livre intitulé Après la littérature.
Avant de se lancer officiellement dans la campagne présidentielle, Éric Zemmour a à maintes reprises évoqué des sujets tels que l’islamisation de la France, le problème migratoire ou la disparition de la langue, son parti fraîchement inauguré s’intitulant "Reconquête". Alors que l’émission Sans Interdit évoquait le candidat, Alain Finkielkraut a rappelé qu’il se trouvait "dans la liste noire du Monde comme faisant partie des personnalités sur lesquelles Zemmour s’appuie pour légitimer son discours". Et de poursuivre:
"Les journaux qui le stigmatisent et nous stigmatisent généralement sont les mêmes journaux qui font l’impasse sur les agressions subies quotidiennement par les policiers, les violences qui éclatent dans les quartiers sensibles."
Ce qui rend la gauche "un peu folle"
Abordant en outre la question de l’antisémitisme, Alain Finkielkraut juge que paradoxalement, ce phénomène "lui-même est devenu une modalité de l’antiracisme". Le philosophe retrace alors sa propre expérience, lorsqu’un Gilet jaune l’a traité de "sale sioniste" et lui a demandé de "rentrer à Tel-Aviv".
"Il y a deux idéologies aujourd'hui qui rendent la gauche un peu folle, l’antiracisme comme vision du monde qui fait de l’homme blanc le seul coupable de tous les maux de la terre et un certain néo-féminisme", a-t-il soutenu.
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