Présidentielle française 2022

"Faire l’union par la base": le mouvement de Jean-Luc Mélenchon lance un parlement non élu

Le candidat de l’Union populaire sera secondé par une assemblée de 200 membres. Objectif: unir par-delà les appartenances partisanes. Radicalité novatrice ou imitation de démocratie? Reportage.
Sputnik
"Vous le trouvez seul, Jean-Luc Mélenchon?", lançait l’eurodéputée insoumise Manon Aubry aux quelques 5.000 personnes réunies à la Défense le 5 décembre pour le premier meeting de campagne de l’Union populaire. Le nouvel avatar de la France insoumise, devant l’impossibilité de réaliser l’unité de la gauche par le sommet, cherche à "faire l’union par la base", selon les mots de son leader. Dans ce but revendiqué, il se dote d’un parlement de campagne inédit dans l’Hexagone, chargé d’incarner une diversité politique et militante dépassant la seule France insoumise: sur ses 200 membres, la moitié n’appartient pas à LFI. Parmi eux, des syndicalistes comme Xavier Mathieu, des intellectuels comme Barbara Stiegler ou encore des personnalités de la culture comme Annie Ernaux et Bruno Gaccio.
À sa tête, l’économiste Aurélie Trouvé, figure respectée de l’altermondialisme qui s’est pour l’occasion mise en retrait de ses fonctions de porte-parole d’Attac. "On a fait un travail d’orfèvre pour rassembler une grande diversité de personnes qui ont une véritable légitimité. Une légitimité dans leurs organisations militantes, dans le monde de la recherche ou dans le milieu artistique", confie-t-elle à Sputnik. Et d’insister: "C’est un ovni dans l’histoire de la politique française".
Quid alors d’une légitimité populaire? Si le travail de composition de ce parlement semble bien considérable, ses membres n’ont été ni élus ni confirmés par la base militante de la France insoumise. Le mouvement, décrit comme "gazeux" par la formule restée célèbre de Jean-Luc Mélenchon, n’a d’ailleurs pas d’adhérents à proprement parler mais uniquement des "membres" inscrits sur son site internet. Un paradoxe assumé au micro de Sputnik par Ugo Bernalicis, député LFI du Nord:
"Regardez ce que fait la démocratie interne dans les appareils des partis traditionnels. Ça fait des embrouilles entre candidats, des primaires qui démobilisent les gens, ça déprime au lieu de convaincre".
Et de conclure : "Nous assumons une certaine forme de radicalité et de renouveau de la politique, mais on ne peut pas se dire qu’il faudrait qu’on soit à l’image des institutions qu’on voudrait demain: les institutions ne concernent pas les organisations politiques, mais les droits et obligations que se reconnaissent les citoyens entre eux".
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