Après le Japon, c'est maintenant le Pentagone. Alors que, selon la base de données de l’AFP, l’armée chinoise a effectué en novembre 159 incursions avec des avions de combat et des bombardiers dans la zone de défense aérienne de Taïwan, Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense, a déclaré qu’elles semblaient être des répétitions d'opérations militaires contre l’île autonome démocratique dont Pékin revendique la souveraineté.
"Cela ressemble beaucoup à l’analyse de leurs véritables capacités et bien sûr cela ressemble beaucoup à des répétitions", a déclaré M.Austin dans un discours samedi au Forum Reagan sur la défense nationale.
Toujours selon l'AFP, novembre a été le troisième mois consécutif où plus d’une centaine d’avions de guerre chinois ont fait des incursions dans cet espace sensible, avec cent aéronefs de chasse et neuf bombardiers H6 à capacité nucléaire.
Pour l'instant, Pékin n'a pas réagi aux propos de Lloyd Austin.
Pas de conflit dans un proche avenir
Cette année, l'armée de l'air chinoise a considérablement augmenté l'envergure et la fréquence de ses missions dans la "zone d'identification de la défense aérienne" de Taïwan, a pour sa part noté M.Austin même s'il ne semblait pas suggérer que la Chine se préparait à un conflit dans un proche avenir, note le Financial Times (FT).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré vendredi à Reuters que Washington était absolument engagé à assurer que Taipei pourrait se défendre en cas d'invasion chinoise, qui, d’après lui, aurait des "conséquences terribles". "Personne ne veut voir la situation se développer en un conflit dans cette région, nous allons donc faire tout ce qu'il est en notre pouvoir pour aider à prévenir les conflits et faire baisser la tension dans la mesure du possible", a-t-il déclaré, cité par le FT.
Une communication insuffisante
Cependant, tandis que le Pentagone espérait, d'après le FT, que la réunion virtuelle de novembre entre Joe Biden et Xi Jinping ouvrirait la voie à une meilleure communication entre les militaires des deux pays, ce dernier a prévenu qu'œuvrer à l'indépendance de Taïwan revenait à "jouer avec le feu".
Selon M. Austin, la Chine élargit sa capacité à construire un réseau mondial de bases militaires, en faisant ressortir les progrès de son armée dans des domaines allant des missiles aux technologies anti-sous-marines. D'après les estimations du Pentagone, Pékin quadruplera son stock d'armes nucléaires à plus de 1.000 ogives d'ici 2030.
Pour y faire face, Washington travaillera avec ses alliés, mais tout en ayant également de meilleurs canaux de communication avec Pékin, y compris dans le domaine des armes nucléaires, a ajouté Lloyd Austin. Lui et Mark Milley, chef d'état-major de l'armée américaine, n'ont pas tenu de conversations avec leurs homologues chinois depuis l’arrivée au pouvoir de l'administration Biden, souligne le FT.
Un autre voisin préoccupé
De son côté, le Japon appréhende aussi une attaque chinoise contre Taïwan. Ainsi, lors d'un récent forum virtuel organisé par un cercle de réflexion taïwanais, l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, qui reste influent au sein du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, a déclaré qu'une invasion armée constituerait un grave danger pour le Japon, et que ni son pays ni les États-Unis ne pourraient rester sans réagir.
Des paroles mal prises par Pékin, qui a convoqué l'ambassadeur du Japon pour une "réunion d'urgence" le 1er décembre. Les commentaires de Shinzo Abe "remettent ouvertement en cause la souveraineté de la Chine et apportent un soutien éhonté aux forces indépendantistes de Taïwan", a déclaré la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Hua Chunying.