L’annonce de la candidature d’Éric Zemmour aux prochaines présidentielles continue d’enflammer le débat public. Quelques heures après une prise de bec surréaliste entre l’eurodéputé Gilbert Collard (RN) et le socialiste Eduardo Rihan Cypel, c’est désormais du côté des réseaux sociaux que les controverses s’enchaînent.
Sur Twitch, l’influenceur de gauche Pantoufl a créé l’émoi en s’exprimant à propos du "grand remplacement", concept popularisé par l’ex-éditorialiste star de CNews.
"Je ne suis pas pour le grand remplacement, je suis pour le grand anéantissement des bœufs qui peuplent la France. J’espère qu’ils vont tous crever la bouche ouverte dans une guerre civile, où ils se feront probablement égorger", lâche l’influenceur sur Twitch.
Une sortie pour le moins grinçante que certains ont assimilée à une incitation à la haine. Sur Twitter, plusieurs internautes ont d’ailleurs affirmé avoir signalé ces propos à la plateforme Pharos, recensant les contenus et comportements en ligne illicites.
L’ancien porte-parole de Génération identitaire, Damien Rieu, qui a le premier relayé la vidéo, a néanmoins appelé à laisser "les gens dire ce qu’ils pensent".
Tentative d’humour noir
Devant le tollé suscité, Pantoufl a supprimé la rediffusion de son émission sur Twitch et fait paraître une nouvelle vidéo pour s’expliquer.
S’il admet n’être "pas fier de cette citation", l’influenceur affirme que ses propos ne sont pas à prendre au premier degré. Il déclare avoir volontairement forcé le trait pour caricaturer les tenants de la thèse du "grand remplacement", qui véhiculent selon lui un "fantasme d’extrême droite".
"J’ai un goût prononcé pour la provocation, l’outrance et l’humour noir […]. Je suis dans un esprit un peu nihiliste. Je dénonce le fantasme de ceux qui croient au grand remplacement et au choc des civilisations. Je ne fais que caricaturer, même si ma phrase est malheureuse. Je ne souhaite évidemment pas la guerre civile", déclare-t-il sa vidéo d’explication.
L’influenceur de gauche a par la suite fait paraître un communiqué dans lequel il plaide une nouvelle fois la "caricature" et l’"hyperbole", tout en déplorant avoir reçu plusieurs menaces de mort.
Grand remplacement
Le concept de "grand remplacement", créé par l’écrivain Renaud Camus, a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Stipulant le remplacement ethnique de la population française via des vagues d’immigration, la théorie a souvent été qualifiée de complotiste par ses détracteurs.
Le débat autour du sujet semble d’ailleurs transcender les clivages politiques. En 2014, Marine Le Pen avait ainsi déclaré dans un entretien au Journal du dimanche ne pas souscrire à cette "vision complotiste" d’un changement de peuple, qui présupposait "un plan établi".
Au contraire, Emmanuel Macron aurait tenu en privé des propos proches de ceux de Renaud Camus sur ce basculement démographique, comme le rapporte le journaliste Marc Endeweld dans un récent ouvrage.
Éric Zemmour a pour sa part fait du "grand remplacement" l’un de ses chevaux de bataille. L’ex-éditorialiste y a fait plusieurs fois allusion dans son annonce de candidature.