Actuellement, 89 lieux de culte musulmans se trouvent sous étroite surveillance des services de renseignement. Parmi eux, seulement huit tombent sur le coup de la loi de "lutte contre le séparatisme" pour des prêches relatifs à la haine, à la discrimination femmes-hommes ou contre les principes républicains, rapporte Europe 1.
"Les services de renseignement qui scrutent avec attention les prêches des imams les plus rigoristes ont constaté une forme de normalisation de leur propos", indique le média, avançant que les fermetures récentes d’autres mosquées ont pu conduire certains à polir leur discours.
Le renseignement aurait même appris que quelques-uns font relire leurs textes à des avocats pour s’assurer que leur contenu reste légal. C’est également dans le cadre de cette loi qu’a été créé en novembre le Conseil national des imams destiné à donner un agrément à ces derniers.
Stratégie de dissimulation?
Toujours selon Europe1, le renseignement soupçonne "une forme de stratégie de dissimulation". Il craint notamment que certains discours haineux, à l’apparence absents des prêches publics surveillés, n’imprègnent dès lors "le périscolaire, les cours en ligne ou l’instruction à domicile".
Une telle "technique de dissimulation", également appelée "taqiya", avait été évoquée en janvier 2018 sur RTL par le procureur de la République de Paris François Molins. Il craignait alors que les djihadistes soi-disant repentis mentent sur leurs intentions pour pouvoir revenir en France.
"Toute la difficulté derrière ce discours, c'est, compte tenu des techniques de dissimulation, de savoir si derrière ces regrets, ces désillusions, ils ont gardé ou perdu leurs convictions djihadistes".
Plus récemment, le terme est réapparu dans un arrêté préfectoral portant sur la fermeture de la mosquée d’Allonnes, dans la Sarthe. Outre les prêches légitimant le djihad, l’instauration de la charia ou encore des paroles haineuses envers les Français, le lieu de culte était accusé d’encourager la "taqiya" lors de l’assassinat de Samuel Paty, notamment en affichant un soutien factice.
Pour RTL, cette technique peut se traduire par des vêtements "occidentaux", une barbe rasée de près, voire la consommation d’alcool afin d’effacer tout soupçon du renseignement français. Les terroristes Adel Kermiche et Mohamed Merah ont pu passer entre les mailles du filet grâce à cela, indique la radio.