Crise migratoire Biélorussie-UE

Loukachenko: "Quand les Polonais vont m'étrangler, vais-je regarder quelques contrats?"

Dans une interview accordée à RIA Novosti, le dirigeant biélorusse a déclaré qu'il était prêt à suspendre le transit des énergies russes si la Pologne fermait sa frontière avec son pays. Il a également invité les Polonais à réfléchir sur qui en souffrirait le plus.
Sputnik
La Biélorussie est en conflit avec l'Union européenne au sujet des migrants depuis plusieurs mois. Sur fond d’accusations réciproques, la Pologne menace de fermer sa frontière avec la Biélorussie, par laquelle une partie du gaz russe est acheminée vers l'Europe. Face à ce risque, Alexandre Loukachenko a déclaré qu'il était prêt pour sa part à suspendre le transit des énergies russes.
"Les Polonais ont décidé de fermer la frontière avec la Biélorussie. D'accord, fermez-la. Nous ne voyageons pas très souvent dans l'UE. Notre intérêt aujourd'hui se porte principalement sur la Russie, la Chine et l'est. Et si je ferme? Qu'adviendra-t-il alors de ce flux, qui va en Russie, en Chine via nous", s’est interrogé M.Loukachenko dans une interview à RIA Novosti.
"Écoutez, quand les Polonais ou quelqu’un autre vont m'étrangler, est-ce que je vais regarder quelques contrats. De quoi parlez-vous?", s’est-il exclamé.
Il a invité les Polonais à fermer la frontière et à voir qui en souffrirait le plus.

Accès interdit à la région frontalière

La Pologne a prolongé le 30 novembre de trois mois l'interdiction d'accès à la région frontalière avec la Biélorussie, imposée en septembre après le début de la crise migratoire.
Les nouvelles mesures annoncées tard dans la soirée par le ministre de l'Intérieur Mariusz Kaminski prolongent de facto à partir de mercredi 1er décembre l'état d'urgence introduit dans la zone frontalière, qui devait prendre fin mardi à minuit.
En vertu de la loi polonaise, l'état d'urgence ne peut être décrété que pour une période maximale de trois mois.
L'accès à la zone frontalière reste interdit à toute personne non résidente.

Moscou espère que ses contrats seront respectés

À la mi-novembre, sur fond de menace de Minsk de couper le transit de gaz russe vers l’UE, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que la Russie ne prévoyait pas de réduire les livraisons à travers la Biélorussie, rappelant cependant que son voisin est "un État souverain".
Vladimir Poutine avait pour sa part indiqué qu’Alexandre Loukachenko était "théoriquement" capable de couper le gaz russe transporté par la conduite Yamal-Europe, une situation similaire s’étant dans la pratique déjà produite en Ukraine en 2008-2009. Mais une telle mesure "endommagerait" le secteur énergétique européen et "ne contribuerait pas" au développement des relations avec la Biélorussie comme pays de transit, selon le Président russe.
Discuter