"Immense" déception: une victime de violence conjugale frustrée par un appel du cabinet de Schiappa

Après avoir parlé sur Instagram d’une "relation toxique" avec le père de sa fille, une jeune femme, Yael Sabah, a été contactée par le cabinet de Marlène Schiappa. Mais la conversation n’a pas été à la hauteur de ses attentes, a-t-elle confié.
Sputnik
Victime de violences domestiques, Yael Sabah a décidé de faire part de son amère expérience pour que "cela cesse" et que d’autres femmes, "toujours sous l’emprise" de leur mari ou conjoint, voient qu’il y a "une solution". Pour attirer l’attention des autorités, elle a mentionné les comptes de Marlène Schiappa et de la police nationale.
"Il va falloir attendre quelle action de sa [son ex-conjoint, ndlr] pour que celui-ci soit puni à la hauteur de ses agissements?", c’est la principale question qu’elle pose.
Yael Sabah, qui est cofondatrice d’un magasin de bijoux faits main à Paris, a recouru aux capacités des réseaux sociaux face à l’inaction de la police après sa nouvelle plainte. Le père de son enfant a été reconnu coupable d'avoir proféré des menaces de mort il y a cinq ans, mais est réapparu en 2021.
Alors qu’il "serait motivé par l’idée de revoir sa fille", le calvaire des violences psychologiques et physiques revient dans la vie de la femme. Elle dépose plainte.
"Ça fait trois mois et demi que je reçois ces messages jour et nuit, il est libre, libre de me harceler, libre de me violenter par ses mots", indique-t-elle dans son témoignage.
Précédemment, avant sa condamnation, Yael raconte les menaces de la tuer "une fois endormie". Ensuite, un long combat pour protéger sa fille et elle-même, "pour faire reconnaître la violence conjugale, physique et psychologique".
"Ca a pris cinq ans […] pendant lesquels j’ai été traitée de folle, de menteuse par la police. Pourtant ces mêmes policiers sont venus à maintes reprises à notre domicile, pour le mettre en garde à vue suite aux coups, hurlements, menaces et témoignages du voisinage", écrit-elle. "Il ne reste pas de traces […] des gifles en pleine nuit pour vous réveiller et faire le ménage, pas de trace non plus du chantage sexuel pour qu’il arrête de menacer votre famille, pas de trace non plus des chuchotements la nuit pour vous dire qu’il va vous égorger."

Appel du cabinet de Schiappa

Le post, accompagné de captures d’écrans des messages de son ex-conjoint, a été largement relayé sur le réseau social –jusqu’à attirer l’attention du cabinet de la ministre chargée de la Citoyenneté.
Une personne de l’équipe de Marlène Schiappa a joint la jeune femme le 29 novembre pour lui expliquer, très gentiment, que les membres du cabinet "ne pouvaient rien faire" pour remédier à sa situation puisque "cela ne dépend[ait] pas d’eux".
"Je mettais beaucoup d’espoir dans ce coup de fil", a dit l’influenceuse dans une vidéo. "Mais ma déception est tellement immense que j’ai pas les mots. Je trouve ça limite honteux ce qui s’est passé pendant cet entretien téléphonique."
L’équipe a pourtant espéré qu’elle serait bien reçue au commissariat si elle décidait de porter plainte une fois de plus et lui a "souhaité bon courage", ce dont Yael dit avoir "effectivement besoin si même le cabinet de Marlène Schiappa ne peut rien faire".

Dépôt de plainte "chez autrui"

En 2020, 125 personnes, dont 102 femmes, ont été tuées par leur partenaire, contre 173, dont 146 femmes, en 2019, détaille l'étude de la Délégation aux victimes sur les morts violentes au sein du couple.
La ministre chargée de la Citoyenneté s’est réjouie d’ailleurs ce 30 novembre du fait que "les enfants sont mieux protégés par la justice face aux violences conjugales" cette année: "neuf retraits d’autorité parentale d’hommes violents en 2017, 389 à ce jour en 2021".
Une expérimentation du dispositif de dépôt de plainte "chez autrui", hors des commissariats, a été annoncée par le ministère de l’Intérieur pour permettre à une victime de violences sexuelles et conjugales de déposer plainte en compagnie de policiers et gendarmes depuis chez elle, chez un proche, un avocat, dans une mairie ou dans les locaux d’une association.
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