"Oubliés du Ségur de la santé", plusieurs centaines d’ambulanciers hospitaliers sont sortis aujourd’hui dans la rue à Paris. Ils souhaitent être reconnus en tant que "personnel soignant". Détenteurs d’un diplôme spécifique et aptes aux gestes médicaux, ils se sentent abandonnés et soutiennent une grève sans relâche depuis cet été.
Leurs revendications: un classement en catégorie B, en filière soignante et en catégorie active ainsi que la suppression du qualificatif "conducteur".
Thierry, ambulancier au CHU de Purpan de Toulouse, a fait plus de mille kilomètres jusqu’à Paris "pour sortir de l’ombre tous les ambulanciers des CHU de France".
"Je suis là pour faire avancer les justes revendications que nous prônons depuis des années: passer dans la filière des soignants plutôt que rester dans celle de la logistique. Le détenteur d’un diplôme d’ambulancier est capable de cerner un patient en détresse neurologique, ventilatoire ou circulatoire, de placer un monitoring", détaille-t-il pour Sputnik.
Insistant sur la "légitimité d’exigence" de revalorisation du statut, l’ambulancier rappelle également le rôle de ses camarades pendant la pandémie de Covid-19, quand ils "étaient presque des médecins". "Quand le Covid est parti, on est redevenus des transporteurs. Mais entre toutes nos qualifications et le statut de ‘transporteur de marchandise’, n’y a-t-il pas un contraste?"
L’œil pétillant de malice, mais le ton grave, Thierry profite de l’occasion pour "mettre en garde les lobbys financiers et les patrons du privé".
Si ces derniers veulent se mettre en travers de ces revendications "comme ils l’ont fait depuis des décennies", "nous ne laisserons plus faire!", promet notre interlocuteur.
Le gouvernement à l’écoute?
Les "15 minutes accordées" à la délégation au sein du ministère de la Santé sont considérées par Thierry comme "un mépris" pour la profession. D’autant qu’il doute que ces "revendications soient entendues et actées".
Au micro de Sputnik, Michel, du syndicat SUD APHP-Solidaires qui a fait partie du groupe reçu au ministère, confirme que "les réponses sont loin d’être satisfaisantes":
"On continuera d’appuyer les revendications de nos collègues. Il faut qu’ils aient un salaire digne et juste, aussi bien dans le public que dans le privé."
La pandémie de Covid-19 n’est pas près de reculer et d’après le syndicaliste, les ambulanciers "restent toujours en première ligne" dans cette cinquième vague. "Il est temps que le ministre de la Santé puisse prendre en considération les professionnels qui en ont ras le bol d’être sous-payés, de ne pas être reconnus. D’autant qu’ils ne sont pas assez nombreux. Il faut plus d’embauches!", réclame Michel.