"Joe Biden ne rassure pas les Américains" et Kamala Harris "irrite ses supporters"

Face aux records d’impopularité du Président Biden et de sa vice-Présidente, les paris sont ouverts à Washington sur l’avenir du parti démocrate. Analyse d’Olivier Piton, avocat, au micro de Rachel Marsden.
Sputnik
Aux États-Unis, il n’est jamais trop tôt pour parler sérieusement de la prochaine présidentielle, même si la dernière date d’il y a tout juste un an. Puisque les quatre années de mandat passent en un clin d’œil, les discussions outre-Atlantique portent déjà sur l’identité du successeur de Joe Biden.
Et selon le principal intéressé, son dauphin pourrait bien être quelqu’un qui frisera les 82 ans en 2024 et qui s’appelle… Joe Biden! Le Washington Post a récemment révélé que l’actuel locataire de la Maison-Blanche avait déclaré à un "petit groupe de donateurs", lors d’une collecte de fonds virtuelle, qu’il prévoyait de se présenter à nouveau. D’anciens parlementaires démocrates ont confirmé ce désir de Biden.
Biden serait disposé à briguer un second mandat en 2024
Néanmoins, l’actuel Président plafonne à 36% d’opinions favorables, selon le dernier sondage Quinnipac, contre 53% lors de sa prise de fonctions. À quel point cela le rend-il vulnérable face à un Donald Trump –qui a toujours affirmé qu’il se représenterait– ou éventuellement face à l’un de ses disciples idéologiques?
Olivier Piton, avocat en droit public, président de la Commission des lois à l’Assemblée des Français de l’étranger et auteur du livre Kamala Harris: La pionnière de l’Amérique (Plon), analyse l’impopularité de Joe Biden:
"L’opinion publique américaine a très mal jugé le retrait des troupes américaines d’Afghanistan avec notamment l’évacuation totalement ratée de l’aéroport de Kaboul. Par ailleurs, en dépit de sa politique intérieure très populaire, Joe Biden ne rassure pas les Américains à l’heure actuelle pour un tas de raisons qui sont liées à lui, à son âge, à sa personnalité, sa faiblesse. Je pense donc que cette baisse à 36% dans les sondages va être durable."
Et le parti démocrate semble être à court d’alternatives. La vice-Présidente Kamala Harris, qui se pose en héritière naturelle de Biden, semble être au bord de la disgrâce. Invitée de l’émission "Good Morning America" d’ABC News, elle a dû répondre aux rumeurs faisant état d’une rupture entre l’Administration Biden et elle-même, malgré l’apparent succès de son voyage en France. En dépit des tensions entre Paris et Washington après l’affaire des sous-marins australiens, Emmanuel Macron l’a en effet chaleureusement accueillie, déclarant même que les Français étaient "fiers" de sa présence.
Cependant, il semble que le peuple américain apprécie moins Kamala Harris que l’exécutif français puisque sa popularité culmine à 28%. Pour l’avocat, les raisons tiennent à la personnalité même de la vice-Présidente:
"Kamala Harris irrite beaucoup. Elle essaie de faire ‘low profile’ et de ne pas apparaître comme l’intrigante qui vise le poste du patron. Elle est tellement dans la non-prise de risque qu’elle en arrive à être irritante pour ses supporters et en particulier tous ceux qui ont porté sa candidature au motif que c’était la première femme, afro-américaine, asiatique, ou indo-américaine à occuper ce type de poste. Elle énerve son électorat qui aimerait qu’elle soit beaucoup plus que le symbole qu’elle est et qu’elle assume ce symbole. Et puis il y a tous les opposants qui estiment qu’elle n’est pas légitime parce que c’est une femme avec très peu d’expérience en politique internationale –puisque son mandat de sénatrice n’était que de deux ans en California avant de devenir vice-présidente des États-Unis– et qu’elle a démontré ses lacunes."
Alors, quels autres atouts les Démocrates ont-ils dans leur manche?
"Le parti démocrate est encore plus divisé que le parti républicain. Aucune personnalité n’arrive à faire la jonction entre les radicaux et les modérés."
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