TF1 a présenté vendredi un reportage sur les policiers qui luttent contre les réseaux de passeurs calaisiens prêts à tout pour s’enrichir sur la détresse des migrants dont 27 ont perdu la vie en franchissant la Manche afin d’atteindre le Royaume-Uni.
Des policiers spécialement équipés pour accéder aux zones escarpées récupèrent chaque jour des bateaux, des moteurs et des bidons d’essence appartenant aux passeurs. Cinq d’entre eux ont été arrêtés jeudi.
Le but des policiers est d’empêcher des groupes de migrants de prendre la mer pour traverser la Manche et ainsi de sauver des vies.
Avec ces embarcations, "c’est pratiquement du suicide"
"Les risques que les migrants prennent pour essayer de traverser, quand on voit les embarcations (…), franchement c’est pratiquement du suicide", témoigne la major Nathalie.
Des filières implantées partout sont démantelées chaque semaine par des enquêteurs, mais sont aussitôt remplacées par d’autres.
C’est que le marché rapporte des millions d’euros: chaque migrant doit payer 400 euros pour un passage en camion et 4.000 pour une place en bateau.
Des migrants venant d’Allemagne via la Belgique
La police aux frontières, de son côté, multiplie les zones de contrôle en amont de la région de Calaisis. Sur un ancien poste-frontière franco-belge, ils arrêtent des véhicules pour contrôler leur chargement.
"Certaines semaines, 60% des migrants que nous interpellons sur Dunkerque ou sur Calais disent venir de Belgique. Les trafiquants de migrants qui mettent à disposition des embarcations pour l'organisation des traversées maritimes viennent pour une grande partie d'entre eux d'Allemagne en transitant par la Belgique", explique le directeur de la police aux frontières de la zone, Jean-Philippe Nahon.
Trois millions d’euros de bénéfices en 2021
Depuis le 1er janvier, 1.500 passeurs ont pourtant été arrêtés, a indiqué mercredi soir le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Selon Ouest-France, un réseau de 15 trafiquants a ainsi été démantelé en début de semaine: ils sont Irako-Kurdes, Roumains, Pakistanais, Vietnamiens… Chaque mois, ils faisaient passer au moins 250 personnes entre la France et le Royaume-Uni, d’après les enquêteurs.
Les malfrats ont accumulé environ trois millions d’euros de bénéfices, a estimé l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière (Ocriest).
Pour Europol, les passages organisés en Méditerranée avaient généré lors de la crise migratoire de 2015-2016 un chiffre d’affaires de plus de cinq milliards d’euros.
Afin de renforcer la lutte contre ces groupes criminels, Jean Castex a annoncé la tenue, dimanche à Calais, d’une réunion à laquelle il a convié les ministres en charge de l’immigration belge, allemand, néerlandais et britannique ainsi que la Commission européenne.