Plusieurs pays d'Europe et d'Asie ont renforcé vendredi leurs restrictions de déplacements face à l'émergence d'un nouveau variant du coronavirus responsable du COVID-19 détecté notamment en Afrique du Sud, et dont les mutations pourraient le rendre résistant aux vaccins.
Selon l'agence britannique de la santé, le variant appelé B.1.1.529 présente une protéine de spicule, qui permet au virus SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules, complètement différente de la souche du coronavirus sur laquelle les vaccins actuels sont basés. Il a été également détecté au Botswana et à Hong Kong, d'après l'agence.
Des scientifiques sud-africains ont pour leur part annoncé que le variant détecté dans le pays présentant un nombre "extrêmement élevé" de mutations et avec un "potentiel de propagation très rapide".
Les scientifiques sont actuellement en train d'étudier le variant, qui a été identifié au début de la semaine, mais l'annonce de sa découverte provoque une inquiétude mondiale, perceptible aussi sur les marchés financiers où les Bourses mondiales, les rendements obligataires et les cours du pétrole chutent ce vendredi.
Restrictions de déplacement
Le Royaume-Uni a été le premier à réagir en annonçant jeudi soir le placement sur "liste rouge" de six pays africains - Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Zimbabwe, Lesotho et Eswatini - se traduisant par des interdictions de vol en provenance de ces destinations.
Vendredi, l'Italie a à son tour décrété une interdiction d'entrée sur son territoire pour toute personne s'étant rendue au cours des 14 derniers jours dans divers pays d'Afrique australe, dont l'Afrique du Sud.
Selon une source ministérielle, l'Allemagne pourrait aussi décider dans la journée de contraindre les compagnies aériennes à transporter seulement les ressortissants allemands de l'Afrique du Sud vers l'Allemagne et à imposer une quarantaine pour les Allemands de retour, y compris ceux vaccinés.
En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vendredi la suspension immédiate de tous les vols en provenance d'Afrique australe" pour au moins 48 heures.
La Commission européenne va proposer d'activer une procédure d'urgence afin de bloquer les liaisons aériennes avec la région du sud de l'Afrique, a de son côté annoncé la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen.
Réunion en urgence de l'OMS
En Asie également, l'inquiétude domine. Le ministre singapourien de la Santé a annoncé vendredi que le pays allait restreindre les arrivées en provenance d'Afrique du Sud et des pays voisins.
Le Japon pourrait aussi renforcer les contrôles pour les voyageurs en provenance d'Afrique du Sud et de cinq autres pays africains, a rapporté l'agence de presse Jiji. Le ministère japonais des Affaires étrangères n'avait pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaires.
Taïwan a indiqué que les voyageurs en provenance des pays du sud de l'Afrique à "haut risque" devront se placer en quarantaine et l'Inde a émis un avertissement à tous les Etats du pays pour qu'ils procèdent à des tests et à des dépistages rigoureux des voyageurs internationaux en provenance d'Afrique du Sud et d'autres pays "à risque".
Face aux inquiétudes, l'Organisation mondiale de la Santé organise ce vendredi midi à Genève une réunion d'experts au sujet du nouveau variant B.1.1.529.
"L'OMS organise une réunion (...) pour mieux comprendre la chronologie des études qui sont en cours et pour déterminer si ce variant doit être qualifié de variant d'intérêt ou de variant préoccupant", a expliqué le porte-parole de l'organisation Christian Lindmeier.
L'Afrique du Sud a dit vendredi regretter la décision du Royaume-Uni sur les interdictions de vol, la jugeant prématurée avant l'évaluation faite par l'OMS du nouveau variant.
"Notre préoccupation immédiate est l'impact négatif que cette décision va avoir sur les industries touristiques et les entreprises des deux pays", a déclaré le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Naledi Pandor, dans un communiqué.
Nouvelle vague en Europe
L'émergence de ce nouveau variant intervient alors que l'Europe est confrontée à une nouvelle vague épidémique qui a contraint plusieurs pays, dont la France, à renforcer leurs mesures sanitaires et à accélérer le déploiement d'une vaccination de rappel.
L'Allemagne a enregistré vendredi un nombre record d'infections journalières au COVID-19, avec plus de 76.000 nouveaux cas et le ministre de la Santé, Jen Spahn, a appelé à une réduction drastique des interactions sociales, jugeant la "situation dramatique comme à aucun autre moment de cette pandémie".
Sur les marchés financiers, les Bourses en Europe chutaient de près de 3% vendredi dans la matinée, les investisseurs s'inquiétant de l'impact potentiel de ce nouveau variant sur la reprise économique mondiale.
Les cours du pétrole plongent de l'ordre de 6% et la dette souveraine joue à plein son rôle d'actif refuge: les rendements obligataires de référence à dix ans en Europe et aux Etats-Unis perdent de six à plus de 11 points de base, traduisant une demande élevée.