C'est une annonce tout ce qu'il y a de plus classique que celle qu’a diffusée le 20 novembre dernier un hôtel 5 étoiles d’Abidjan en quête d’un stagiaire en informatique. Description du poste, responsabilités, qualités et compétences requises... tout y est, mais une exigence en toute fin d’annonce laisse pantois: le candidat au stage doit justifier d’une expérience professionnelle de cinq années!
Il n’en fallait pas plus pour que des internautes s’en offusquent et partagent massivement l’annonce.
Il s’agit en réalité, selon une source au sein de l’hôtel, d’une erreur qui a été vite corrigée sur LinkedIn et d’autres plateformes où l’annonce avait été publiée. "L’hôtel a ouvert ses portes en septembre et effectue actuellement un large recrutement. Une erreur s’est malencontreusement glissée dans l’une des annonces. L’exigence de cinq ans d’expérience est pour l’assistant chef de projet informatique et non le stagiaire technicien informatique", a-t-elle expliqué à Sputnik.
Des pratiques à la peau dure
Si cette annonce a immédiatement suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, c’est parce que des exigences jugées abusives à l’encontre des demandeurs d’emploi, mais plus spécifiquement des stagiaires, sont monnaie courante en Côte d’Ivoire.
En effet, de nombreuses entreprises n’hésitent pas à s’ériger en de véritables bourreaux prompts à tirer le meilleur profit de demandeurs d’emploi engagés, parfois sans le moindre contrat signé, dans des stages de durée aussi interminable qu’indéfinie, et le plus souvent non rémunérés ou mal rémunérés. C'est à cette situation que le décret présidentiel n°2018-33 du 17 janvier 2018 entend mettre fin en instituant un statut clair pour les stagiaires.
Ainsi, le code du travail ivoirien distingue désormais deux types de stages: le stage-école et le stage de qualification ou d’expérience professionnelle.
Le premier permet de valider un diplôme. Il n’est pas rémunéré, mais l’entreprise reste libre d’allouer au stagiaire une indemnité. Quant au second, il impose aux entreprises des dispositions spécifiques comme la signature d’un contrat à durée précise ne pouvant pas excéder 12 mois (renouvellements compris), le versement d’une indemnité forfaitaire ou encore la déclaration du stagiaire à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).
Mais dans les faits, l’application de ces dispositions légales n'est pas garantie. Peu nombreuses sont les entreprises qui les respectent scrupuleusement, faute d’un suivi efficace des autorités, au grand dam des demandeurs d’emploi toujours plus nombreux dans le pays.